Le 4 novembre 2022
Le deuxième opus de la série ne cache pas ses intentions politiques : les Gremlins s’attaquent au capitalisme triomphant des années Reagan. Joyeusement foutraque, ce film est un jeu de massacre.
- Réalisateur : Joe Dante
- Acteurs : Christopher Lee, Zach Galligan, Phoebe Cates, Robert Prosky, John Glover, Robert Picardo, Dick Butkus, Mark Dodson
- Genre : Fantastique, Épouvante-horreur, Comédie horrifique
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Editeur vidéo : Warner Home Video
- Durée : 1h46mn
- Date télé : 31 octobre 2024 21:00
- Chaîne : TF1 Séries Films
- Box-office : 2 391 391 entrées (France) / 403 248 (Paris-périphérie) / 41,4 M$ (USA)
- Titre original : Gremlins 2: The New Batch
- Date de sortie : 22 août 1990
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Résumé : Billy et Kate habitent New York et retrouvent par hasard leur mogwai Gizmo. Malencontreusement mouillé, la petite créature donne naissance à une nouvelle génération de Gremlins. Les monstres prennent d’assaut un gratte-ciel high-tech...
Critique : Cinq ans après le succès du premier opus des Gremlins, Joe Dante lâche à nouveau ses affreuses créatures, la Warner insistant pour capitaliser sur une formule assurément juteuse. D’abord requis par d’autres projets, dont le très réussi film L’aventure intérieure, en 1987, le franc-tireur du cinéma hollywoodien accepte finalement la proposition et, nanti d’un budget plutôt confortable -50 millions de dollars-, envoie ses créatures incontrôlables à l’assaut d’une tour trumpienne, en plein New York, pour en mettre plein la tronche à tout ce qui, de près ou de loin, symbolise le capitalisme triomphant des années Reagan.
Le PDG carnassier du building aux dimensions infinies est l’incarnation de ces yuppies arrogants so eighties, si à l’aise dans leur époque. Les étages du bâtiment sont évidemment lestés d’une connotation hiérarchique, les postes occupés par chacun des travailleurs n’existent que sous la surveillance de caméras impitoyables : celles-ci permettent de traquer les gens qui contreviennent au règlement. Tout est en ordre pour que les Gremlins le saccagent.
Si l’action est un peu longue à démarrer, si les deux protagonistes William et Kate forment toujours l’un des couples les plus inintéressants du divertissement filmique des années 80, la suite rattrape aisément ce démarrage en douceur. Lorgnant sur la fin joyeuse de son premier opus, où chaque Gremlin devenait à lui seul une typologie parodique, Joe Dante s’amuse à incarner les personnages les plus variés, des plus universels (Einstein, Batman) aux plus effrayants (une araignée géante), comme une sorte de clin d’œil appuyé à des symboles de la pop culture, que le cinéaste oppose à la morgue néo-libérale de son patron infernal.
Ce deuxième opus s’autorise même une distanciation brechtienne, lorsque soudain, la pellicule s’arrête et brûle sur l’écran : à l’époque, de nombreux spectateurs ont cru à cet "effet de réel", alors qu’il s’agissait, bien évidemment, d’une ironie du film envers lui-même, le long métrage n’hésitant pas non plus à railler son statut de produit marchand (un certain nombre de produits dérivés sont mentionnés). Dans cette ambiance débridée, les gags abondent, souvent référencés, l’histoire ne sait pas trop où elle va, mais y fonce avec un entrain qui suscite un enthousiasme communicatif.
Echec commercial en Amérique du Nord, Gremlins 2 n’a pas connu de suite. Dommage. Aujourd’hui encore, les créatures pourraient reprendre du service, pour déchaîner leur hargne subversive contre les ravages de la marchandisation et ses symboles les plus saillants.
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