King of Monsters
Le 15 avril 2018
Retour sur le tout premier film de la saga réalisé en 1954 par Ishirō Honda dans son montage original.
- Réalisateur : Ishirō Honda
- Acteurs : Akira Takarada, Takashi Shimura, Momoko Kôchi, Akihiko Hirata, Haruo Nakajima
- Genre : Science-fiction, Noir et blanc, Film de monstre
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Metropolitan FilmExport, Les Films du Verseau
- Durée : 1h38mn
- Titre original : Gojira
- Date de sortie : 15 mars 1957
- Voir le dossier : Godzilla
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– Année de production : 1954
Résumé : Un monstre préhistorique est réveillé par les explosions de bombes nucléaires dans l’océan Pacifique.
Critique : En 1954, Ishirō Honda marque le septième art de son empreinte en créant le genre du Kaiju Eiga (films de monstres géants japonais) avec Godzilla, son mythe fondateur. Six décennies plus tard le roi des monstres rugit toujours, il est entré dans la culture populaire (son étoile sur Hollywood boulevard en atteste !), devient indissociable du Japon et continue de fasciner le monde du cinéma (un reboot américain réalisé par Gareth Edwards sort en ce mois de mai 2014). C’est un concurrent sérieux du King Kong américain de 1933 signé Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack qui voit le jour sous la houlette de Tomoyuki Tanaka, producteur à la Tōhō, et du réalisateur Ishirō Honda (pour le clin d’œil, les deux géants s’affronteront dans King Kong contre Godzilla par le même Honda en 1962).
Contrairement au grand singe, leur créature ne sera pas animée en stop motion. C’est un cascadeur endossant un costume en latex qui se chargera d’incarner le monstre et faire voler de nombreuses maquettes en éclat. Ce dernier sera filmé au ralenti pour donner une impression de lourdeur et de gigantisme à la bête.
Pour se remettre dans le contexte japonais du milieu des années 50, les plaies du traumatisme de Hiroshima et Nagasaki sont encore béantes et la guerre froide qui s’engage entre les deux blocs sur fond de supériorité stratégique nucléaire fait planer sa menace sur le globe. Dans le film de Honda, Godzilla envoie un message fort puisqu’il incarne cette peur de l’atome. Réveillé par des essais de bombes H américaines dans le Pacifique, il symbolise une nature destructrice et vengeresse qui se retourne contre l’Homme. De ce fait, le ton du film joue de son côté sombre et sérieux pour mieux atteindre les consciences.
Le questionnement moral associé à la menace qui vise certains des personnages est également bienvenu. Nous avons le professeur Yamane (Takashi Shimura), un paléontologue qui souhaiterait que l’on étudie comprenne Godzilla plutôt que l’exterminer, ou encore le docteur Serizawa (Akihiko Hirata), créateur du "destructeur d’oxygène", une nouvelle invention (et possible solution face au monstre) qu’il souhaite cependant garder secrète car elle pourrait rapidement devenir une arme destructrice, utilisée à mauvais escient.
Les effets spéciaux ont pris un sacré coup de vieux mais demeurent tout de même impressionnants pour leur époque. La marche de Godzilla sur un Tokyo en flamme est une vision qui marquera longtemps les esprits. Nous retiendrons aussi le thème musical inspiré et entêtant d’Akira Ifukube qui sera repris sur bon nombre de films de la monstrueuse saga (pas moins d’une trentaine au compteur quand même).
Godzilla l’original s’affirme donc comme un grand classique du Kaiju Eiga. Ce film catastrophe dénonçant les méfaits du nucléaire aura grandement contribué à bâtir la légende du roi des monstres. Beaucoup plus recommandable que lorsque le Big Monster est exploité comme un ami des enfants (les films de Jun Fukuda...) ou en défenseur de l’humanité.
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