Le 8 octobre 2016
Le retour au pays natal d’une jeune libanaise à la recherche de son passé. Un film à la fois grave et poétique.


- Réalisateur : Jihane Chouaib
- Acteurs : Julia Kassar, Golshifteh Farahani, Wissam Fares
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Suisse, Belge
- Durée : 1h38mn
- Date de sortie : 7 décembre 2016

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Résumé : Quand Nada revient au Liban, elle est devenue une étrangère dans son propre pays. Elle se réfugie dans sa maison de famille en ruines, hantée par son grand-père mystérieusement disparu pendant la guerre civile. Quelque chose est arrivé dans cette maison. Quelque chose de violent. Nada part à la recherche de la vérité.
Le cinéma de la réalisatrice Jihane Chouaib est impacté par la douloureuse histoire de son pays, le Liban. Son précédent film, Pays rêvé, réalisé en 2011, interrogeait déjà la question de l’identité, à travers quatre portraits de natifs d’abord condamnés à l’exil par la guerre civile, puis de retour dans un pays totalement transformé où il s’agit de trouver sa place. Cette problématique irrigue Go Home sous une forme fictionnelle : la jeune Nada revient dans le village où elle a grandi et investit une maison familiale en ruines. On présume qu’un drame s’y est déroulé. Un homme du village, rendu fou par un bombardement qui a tué son enfant, aurait massacré les occupants de la demeure et tué le grand-père de Nada. Ce geste absurde, improbable, s’imprime pourtant dans la conscience de la jeune femme, comme une vérité intangible, mais surtout comme un signe que quelque chose ne va pas chez elle. Persuadée que les autochtones lui sont hostiles, la farouche héroïne se réfugie dans son logis fantomatique dont elle aménage tant bien que mal l’intérieur.
Les lents travellings qui accompagnent la découverte des lieux confèrent à ce film une dimension presque fantastique. Mais cet endroit sans revenants ne livre que des indices à lire sur les murs. Le plus comminatoire enjoint son habitante à déguerpir : "Go home". Qui l’a écrit ? L’acharnement avec lequel Nada efface l’inscription dénote sa volonté d’enracinement, dans un pays où elle n’est plus la bienvenue.
Peu après, le frère de la jeune femme, Sam, bellâtre extraverti, arrive sur place. Il est chargé par leur père de vendre le domaine. Pourtant, sa soeur n’est pas prête à l’abandonner. Entre les murs de cette maison ou dans le jardin dévasté, la vérité pourrait jaillir. Le cadavre du grand-père, que l’on suppose plombé de balles, est recherché avec un détecteur à métaux. Un jeune homme qui rôde depuis longtemps autour de la propriété et semble en savoir plus sur le drame, finit par aider Nada dans sa quête.
Le film, à la fois grave et poétique, offre le portrait d’une femme incertaine. Le personnage est magnifiquement incarné par Golshifteh Farahani, qu’on a pu apprécier dans Les deux amis. Toutefois, il est dommage que sa structuration à partir de flashbacks, saturés d’indices, lui donne un air de déjà-vu.