Geronimo le sang apache – la critique du film + le test Blu-ray

Notre avis : De la modeste carrière d’Arnold Laven on connaît surtout ce Geronimo, western à la réputation pro-indienne non usurpée. Mais, on le sait, on fait rarement de grandes œuvres avec de bons sentiments. Certes, les Indiens ne sont plus des faire-valoir ou des ennemis indistincts et le combat plus ou moins authentique du chef apache est l’occasion d’insister sur la fierté et la noblesse d’un peuple humilié. Mais la dénonciation tourne vite à la caricature, entre Blancs uniformément cupides et grimaçants (ah ! Le sourcil relevé du capitaine !), et Indiens sentencieux. Quant aux dialogues, ils ne cessent, comme la musique, de souligner à traits épais ce que l’image et la situation suffisent à faire comprendre. Que dire enfin de la dernière scène, qui donne dans la pire des « happy end » à une époque où elle se voyait contestée de toutes parts ?

Il y a pourtant dans ce film très inégal de belles idées, mais elles s’accompagnent souvent d’autres plus discutables ou indéniablement ratées : pour ne prendre qu’un exemple, la mort de Mangus, fidèle compagnon de Geronimo, est ridicule et affreusement mal interprétée ; elle est suivie de la douleur de sa veuve, aussi muette qu’émouvante. Pareillement un très beau travelling qui accompagne les soldats alors qu’au premier plan se terrent les Indiens à l’abri d’un muret de pierres, jaillit au milieu d’une série de scènes laborieuses. Et tout le métrage est ainsi, partagé entre quelques trouvailles et un flot de platitudes.

On ne saurait pourtant dénier à Laven une utilisation habile du cinémascope et des décors naturels, l’un au service des autres : il sait magnifier les montagnes, saisir des groupes de cavaliers ou tirer parti d’une chevauchée au crépuscule. D’une manière générale, il tend dans les meilleurs moments à la maîtrise de l’espace horizontal, que ce soit pour les plans déjà cités ou en cadrant des personnages allongés (voir la belle scène où, après l’accouchement, Geronimo rejoint sa femme). Cela ne saurait suffire à faire de ce métrage un grand western, trop handicapé qu’il est par des comédiens approximatifs et nombre de balourdises ; au moins ne s’y ennuie-t-on presque jamais, et certaines séquences d’action (l’attaque du convoi, la flèche envoyée sur le canon) ne déméritent pas.

Les suppléments :
Hormis la galerie photos, seule l’intervention de Patrick Brion figure sur le Blu-ray : à son habitude, il fait l’état des lieux du western en 1962 et inscrit Geronimo dans cette période de mutation. C’est intéressant, mais un peu court (8mn30).

L’image :
Malgré quelques parasites persistants, la copie est plutôt de bonne tenue : les couleurs en particulier sont vives, et les décors naturels se dessinent impeccablement. De rares plan moins nets.

Le son :
La VO se distingue par la vigueur de la musique omniprésente, sans distorsion ni saturation. De la même manière, les dialogues ont beaucoup de présence et de chaleur. La VF est aérée, mais le doublage d’époque a mal vieilli.