Gérardmer 2018 : Revenge - la critique du film

Critique : À l’heure du scandale autour de Weinstein et des hashtags revendicatifs comme #balancetonporc, Revenge résonne comme une véritable catharsis au discours féministe de la part de sa réalisatrice Coralie Fargeat. Avec ce premier film, elle trouve sa place dans le cinéma de genre hexagonal à l’instar de Julia Ducournau un an plus tôt, lorsque Grave qui avait fait sensation à Cannes, avait obtenu le Grand Prix et le Prix de la Critique à Gérardmer. Formellement impeccable, Revenge souffre toutefois d’un manque d’écriture se rattachant aux limites souvent imposées par le sous-genre du rape and revenge mais surtout l’amateurisme et le manque de crédibilité de son casting (seule Matilda Lutz va tirer son épingle du jeu en bimbo violée laissée pour morte et qui renaît de ses cendres investies d’un puissant instinct de survie et du désir de vengeance).

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Les idées les plus intéressantes ne se retrouvent donc ni dans le script (light) ni dans la caractérisation des personnages (clichés), mais plutôt dans toute la symbolique que renferme Revenge (l’idée de la jeune femme qui va se débarrasser petit à petit de tout ce qui a pu pénétrer son corps, pour ne citer que la plus représentative). Il serait pourtant malvenu de passer sous silence une mise en scène par laquelle émerge de très belles idées de cinéma. Tourné au milieu du désert marocain, le long métrage n’hésite jamais à mettre le cadre naturel à disposition en valeur. La caméra de Coralie Fargeat rend continuellement le décor extrêmement cinégénique (on se croirait carrément dans Mad Max par moment au milieu de toute cette splendeur désertique) tout en adoptant un côté pop très graphique boosté par des couleurs vives et fluo.

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De plus, la cinéaste parvient à traduire parfaitement tout le second degré du script, ce qui n’était pas gagné d’avance. Alors oui, 1h48, c’est un peu long pour un pur exercice de style comme celui-ci, mais fort heureusement, le côté cathartique à la puissance peu commune dans notre cinématographie, prend vite le dessus. En résulte une œuvre singulière en raccord avec l’actualité et à mille lieues d’un vulgaire shocker inutile au spectacle voyeur. En bref, une première percée dans le genre tout à fait honorable de la part de Coralie Fargeat, et donc forcément prometteuse..