Genius - La chronique BD

Et si le stratège du futur provenait des banlieues ? Et s’il avait décidé d’unifier les gangs de tout un quartier de Los Angeles pour défier finalement la police, et le système ? Genius est un comic qui veut imaginer ce que pourrait donner une révolte des banlieues si elle était orchestrée et dirigée par une jeune fille aux talents de stratège comparable à César ou Napoléon. Destiny est une jeune femme black, qui si elle a une histoire familiale violente semblable à de nombreuses autres familles, a la particularité d’être très intelligente. Et prévoyante. D’un côté, Destiny organise, anticipe et déclenche les hostilités, de l’autre un inspecteur, persuadé depuis longtemps que quelque chose se tramait, essaye de comprendre et de la retrouver, et au milieu des flash-backs, des souvenirs, des hypothèses policières sur cette leader. Cette trinité confère à Genius un bon rythme, de l’action entrecoupée de planches dévouées aux dialogues et aux explications. En ce sens, l’album propose une histoire bien découpée et réussie.

© Delcourt

Là où le bât pourrait blesser, c’est sur sa conception graphique. Personnellement, le style de dessin un peu urbain, tenant des codes du graffiti mais sans en exploiter complètement la dimension artistique. Par exemple, les tenues et attitudes redondantes des personnages et l’absence de réel décor empêche une complète immersion dans un récit pourtant prenant. D’ailleurs, le comic est plutôt moderne dans son approche, avec des effets numériques sur les lumières et des incrustations.

© Delcourt

Un ensemble contrasté mais qui se défend, avec un basculement prévisible mais bien raconté dans la violence pour une population qui vit perpétuellement dans cette ambiance. Le vrai point fort : Destiny n’est pas une héroïne classique, elle n’a pas de remords, elle est elle-même violente, et c’est finalement son histoire à elle, et non celle d’une guerre, qui est racontée dans cet album.