Garfield, le film - la critique

Critique : Pourquoi tant de haine ? Pourquoi les spectateurs français doivent-ils subir des affronts qui sont épargnés à leurs homologues américains ? Là où aux States Bill Murray est choisi pour faire la voix de Garfield, en France c’est Cauet qui s’y colle. On passe tout de même d’un acteur candidat aux Oscars à un animateur radio-télé aux dons de comédien plus que douteux. Comme si cela ne suffisait pas, l’équipe de doublage française accueille dans ses rangs Virginie Efira, elle aussi animatrice mais cette fois pour M6, qui n’a d’une Catherine Deneuve que la blondeur de cheveux.
Pourquoi donc tant de haine ? Et bien pour des raisons marketing évidemment. Cauet et Virginie Efira vont servir de points d’ancrage dans les médias pour vendre Garfield. Les deux présentateurs écumeront les plateaux télé encore ouverts en cette période estivale et poseront pour les photographes lors des traditionnelles avant-premières. Où est l’art dans tout cela ? Nulle part. Où est le respect d’un public qui ne prétend qu’à voir le meilleur film possible ? Nulle part. Mais tous les moyens sont bons pour un produit dont la réussite en France n’est pas assurée.
Bande dessinée créée par Jim Davis et publiée en format court dans plus de deux mille journaux, Garfield est en effet peu connu dans l’Hexagone, en tout cas beaucoup moins que dans les pays anglo-saxons et quasi uniquement grâce au dessin animé diffusé à la fin des années 1980. La nostalgie aurait pu jouer, surtout que le chat rouquin développe sur papier un humour plus adulte qu’enfantin. Mais le producteur John Davis (Dr. Dolittle 1 & 2, École paternelle...) a préféré diriger le film vers un public d’école primaire, selon là aussi une logique très commerciale.
Le Garfield version cinématographique perd sa morgue légendaire. Tout le film est d’ailleurs construit sur un nivellement propret. La demeure de Garfield et de son maître ressemble à une maison de poupée. Les couleurs sont chaudes, le parquet bien ciré et le ciel bleu. Quant au scénario, il est des plus basiques, plagiant allègrement les rebondissements made in Disney. Réalisateur et acteurs sont insignifiants. Bref, ce n’est pas l’extase. Si vous voulez distraire votre rejeton, relouez la cassette de Kirikou. Par contre, si vous voulez faire de votre gnome un petit puritain en herbe, n’hésitez pas, c’est le film qu’il vous faut.