Bathaï perdue
Le 15 avril 2003
L’univers de la boxe thaïlandaise dans un scénario trop simpliste qui rend l’histoire improbable.
- Réalisateur : Karim Dridi
- Acteur : Samuel Le Bihan
- Nationalité : Français
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– Durée : 1h47mn
Fureur, le nouveau long métrage de Karim Dridi, est une tragédie classique interculturelle ayant pour toile de fond l’univers de la boxe thaïlandaise. Malgré une mise en scène soignée et une chorégraphie des combats impressionnante, le scénario, trop simpliste, rend l’histoire improbable.
Au pied des tours du 13e arrondissement de Paris, Rapha Ramirez s’occupe de son jeune frère Manu et du garage familial depuis la mort de leur parent. Il a dû renoncer à une carrière de boxeur prometteuse, mais c’est maintenant à son cadet de connaître une irrésistible ascension dans la boxe thaï. Un soir, Rapha tombe éperdument amoureux de Chinh, la promise de Tony, l’héritier de la riche famille Tran.
Prélude à la tragédie : une salle de sport rassemble tous les protagonistes. Une ambiance de combat électrique permet à Karim Dridi de poser les énoncés de son récit. Quelques plans vont lui suffire. Avec finesse, il suggère la pauvreté des Ramirez, les espoirs déçus de Rapha que Manu doit porter sur ses frêles épaules. De l’autre côté, la puissance des Tran est évidente sans être arrogante. Chinh est au côté de Tony. Malgré son impassibilité, sa douleur est visible : elle n’a pas le choix et subit le poids des traditions qui la dépasse. Son alliance avec les Tran doit permettre à sa famille d’asseoir leur sécurité financière. Et surtout à Noi, son frère, d’avoir un permis de travail. Dès le premier regard qu’elle porte à Rapha, nous comprenons que la force de cette passion va briser les règles établies.
Malheureusement, la suite de Fureur ne va jamais être à la hauteur de cette entrée en matière si explicite et si bien orchestrée. Karim Dridi a baclé une histoire qui finalement n’intéresse personne. Pourtant, il filme la communaute chinoise avec une grande sensibilité. Il a su éviter la plupart des clichés raciaux. Il présente la pseudo intégration de la famille Ramirez avec talent. A l’instar de Chinh, ils sont obligés de céder à la loi des puissants, et surtout, ils n’ont d’autre choix que d’accepter des traditions auxquelles ils n’adhèrent pas toujours. La légèreté sied bien aux acteurs, mais la tragédie ne prend pas.
Leurs espaces d’expression sont trop réduits. Etouffés sous le poids des combats, les personnages se noient. La beauté des décors et de la chorégraphie nous font regretter un autre film. Le plaisir que Karim Dridi prend à se promener caméra à l’épaule dans le Chinatown parisien est communicatif. Suivre ainsi les déambulations d’un amour interculturel aurait donné encore plus de pertinence à son regard.
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