Le 15 mars 2022
Avec ce documentaire déroutant, parfois sidérant, Ilan Klipper offre un moment de lumière à ces oubliés de la campagne présidentielle et de l’action politique que sont les malades psychiatriques.
- Réalisateur : Ilan Klipper
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Distributeur : Potemkine Distribution
- Durée : 1h13mn
- Date de sortie : 16 mars 2022
- Festival : Festival de Cannes 2020, ACID Cannes 2020
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Résumé : Quelle est l’épaisseur du mur qui nous sépare de la folie ? Personne ne sait de quoi il est fait. Personne ne sait jusqu’à quel point il résiste. Aube, Yoan, Marcus, eux, ont franchi le seuil. Ils vivent de l’autre côté du miroir.
Critique : En 2013, Ilan Klipper réalisait Juke-box un court-métrage de fiction avec en vedette le regretté chanteur Christophe. Une unité de lieu : un appartement sombre et encombré. Une unité de temps : la diégèse n’excède pas quelques heures. Une unité d’action : durant vingt-trois minutes, la caméra filme les instants de dégénérescence psychiques de Daniel Berton, interprété par Christophe.
Dans ce court-métrage sans véritable intrigue, car souhaitant avant tout montrer la vie quotidienne d’un homme en proie aux caprices de la pathologie mentale, se retrouve le même dispositif que celui présenté dans le documentaire Funambules. Un dispositif inattendu, exigeant et, dans une certaine mesure, effrayant, malgré la douceur et la bienveillance avec laquelle le cinéaste filme ses protagonistes.
- Copyright Les Films du Bal
Klipper prend le parti pris d’une esthétique radicale et cependant très significative : posant sa caméra dans des espaces exigus, bordéliques (c’est le seul mot qui convient), jouant sur le sur-cadrage et l’immobilité des plans, le réalisateur tend à traduire visuellement, dans la composition de ses images filmiques, l’enfermement cérébrale et l’isolement social à laquelle la société et lla médecine (la pauvre, elle fait ce qu’elle peut) condamnent les déficients mentaux.
Les protagonistes, qui luttent durement contre eux-mêmes, apparaissent comme des poissons rouges tournant en rond dans leur bocal et tentant par moment d’en briser le verre, sans que soient une seule fois nommées les maladies dont ils souffrent.
Le jeune Yoan déambule en pleine nature, parlant, hurlant, rappant, comme si sa voix avait la puissance suffisante pour expulser la maladie hors de son corps. Isolée dans la maison de ses parents qui ne souhaitent pas la placer dans un établissement spécialisé, Aube se fait des films, s’invente un personnage d’animatrice télévisée. Marcus, quant à lui, est résigné, vivant reclus dans une petite maison parisienne dont le sol est jonché d’objets en tout genre, les murs recouverts d’étagères chargées de babioles, refusant l’aide de quiconque.
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Funambules vêtit le regard des spectateurs d’un habit étroit et trop court, à l’image de la prison psychique dont les protagonistes tentent, en vain, de s’extirper. Toutefois, et c’est le plus frustrant, le film trouve sa limite en ce qu’il finit par abandonner son dispositif : Ilan Klipper délaisse ainsi, dans les vingt dernières minutes du métrage, petites pièces, plans fixes et libre discours des personnes qu’il filme, au profit d’images, de mouvements de caméra et de types de montage plus sombres, empruntant aux codes du film d’épouvante. Comme s’il craignait que le public n’ait pas compris ce qu’il lui disait pourtant très clairement depuis une heure.
Funambules n’en demeure pas moins un documentaire fort, pétri d’une humanité dont on ne met pas en doute la sincérité.
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