Carnaval de l’âme
Le 20 novembre 2007
Un film israélien techno-expressionniste qui rend hommage aux délires paranoïaques de Polanski. La curiosité de l’année.
- Réalisateur : Danny Lerner II
- Acteur : Anat Klausner
- Genre : Fantastique
- Nationalité : Israélien
- Date de sortie : 21 novembre 2007
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– Durée : 1h31mn
– Titre original : Yamin kfuim
Un film israélien techno-expressionniste qui rend hommage aux délires paranoïaques de Polanski. La curiosité de l’année.
L’argument : Meow est une jeune femme solitaire et indépendante, qui erre dans les rues et les boîtes de nuit de Tel Aviv et vend des drogues psychédéliques. Elle squatte des appartements vides et rêve parfois de romance sur internet. Elle semble maître de son existence bohême jusqu’à ce qu’un acte de violence l’entraîne dans une quête angoissante de la réalité et de sa propre identité.
Notre avis : Frozen days est l’exemple même du petit film malin et virtuose tourné avec des peanuts qui ne court pas les rues. Mais dont le résultat final est infiniment plus satisfaisant que les escroqueries arty dont on nous abreuve régulièrement (Primer, pour ne pas le citer). Pendant une heure trente, on suit les agissements incertains d’une jeune femme indépendante qui erre dans les rues, fréquente les boîtes de nuit de Tel Aviv et vend des drogues psychédéliques en injectant un étrange liquide dans la bouche. Jusqu’à ce qu’une catastrophe inattendue se produise et tel un retournement de situation contribue à ce que le spectateur soit amené à reconsidérer tout ce qui vient de se passer d’un point de vue narratif. On erre le reste du temps entre fantasme et réalité sans savoir déceler le vrai du faux, le rêve du cauchemar. Si rien n’est nouveau, la technique du trompe-l’œil est très futée et le style, efficient. Même si on peut être tenté de comparer ça à du cinéma placebo qui donne l’illusion qu’il s’est passé quelque chose d’intense à l’écran.
Ce qui anime le personnage d’un bout à l’autre, ce sont des quêtes. Celle de l’amour, de la vérité et finalement de sa propre identité dans un purgatoire. Graduellement, le résultat se mue en parabole méphitique sur la solitude. L’atmosphère paranoïaque est savamment distillée pour refléter des inquiétudes indistinctes. C’est tellement inconfortable et angoissant qu’on passe la majeure partie de son temps à scruter la profondeur de champ pour voir si une menace ne s’y cache pas. L’utilisation du noir et blanc permet de rendre hommage à Carnival of souls, vraie source d’inspiration de Lerner. Les rues désertiques sont filmées comme si l’héroïne était seule au monde. Ce genre de détail évoque sans en avoir l’air tout un pan du cinéma fantastique des années 60. La descente aux enfers névrotique et subjective renvoie aux premiers films de Roman Polanski à l’instar du Locataire dont Frozen days se révèle une relecture plus ou moins assumée. Mais ce n’est pas un épigone opportuniste. Avec ses jeux de miroirs mentaux, cette histoire n’est pas seulement un modèle de construction (le spectateur n’est jamais perdu), elle provoque un effet véritablement vertigineux qui encourage les visions répétées.
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