Frantz : autour du dernier film de François Ozon

Accompagné du jeune prodige Pierre Niney et de la jolie et troublante Paula Beer, François Ozon s’est prêté au jeu des questions-réponses avec les journalistes au club Marbeuf, avant de partir présenter son dernier long, en compétition, à la Mostra de Venise.
Pendant plus de quarante minutes, le film a suscité l’intérêt des invités. L’auteur du Temps qui passe décortique, s’explique, révèle les secrets de son nouveau long métrage.
L’idée de départ était de réaliser un film sur le secret et le mensonge. Cette histoire de soldat qui vient se recueillir sur la tombe de son ami allemand est arrivée dans les mains du réalisateur, mais avait déjà été adapté au cinéma en 1931 par le grand Ernst Lubitsch. Une réécriture a donc été nécessaire. Contrairement à la version dui maestro allemandh, Ozon a décidé de placer son récit en Allemagne, du côté des perdants de la guerre, et de suivre le point de vue d’une femme, une de plus dans son oeuvre, Hanna. Ozon se défend quant à d’éventuelles critiques sur cette distanciation du genre dans ses narrations. Selon lui, les femmes sont plus souvent victimes », surtout à l’époque décrite dans Frantz, qu’il aime décrire comme une période de luttes, de combats.

Copyright : Mars Films

Le réalisateur s’est également expliqué sur le parti pris esthétisant d’une photographie en noir et blanc qui s’est imposée à lui pour des questions d’incompatibilité avec les façades des maisons en colombage, trop « Disney » pour narrer cette période singulière de notre Histoire. Le retour à la couleur, chère à Ozon, symbolise les moments furtifs de retour à la vie.
De la même manière, initialement, il ne devait pas y avoir de musique. Le contexte et le contenu se suffisaient à eux-mêmes, sans qu’il ne fût nécessaire d’ajouter des artifices cinématographiques. Tout comme le film, la partition musicale, signée par Philippe Rombi, reste donc sobre et vient simplement souligner la tension dans l’histoire (l’arrivée d’Adrien, la présence d’un français au lendemain de la guerre dans ce village…), ainsi que le côté définitivement romanesque.
Quant aux acteurs, ils sont, évidemment, revenus sur leur arrivée dans ce projet irrésistible, la barrière de la langue, la difficulté de jouer avec des instruments de musique... Tout cela dans une décontraction à la Niney : de quoi satisfaire la poignée de journalistes.
L’étape suivante pour toute la bande à Ozon, ce fut le festival de Venise.
Et aujourd’hui le grand test du public.

Frantz, sortie nationale le 7 septembre 2016, Mars Films

Propos recueillis par Yoann Hamet, le 1er septembre 2016. Remerciements à Mars Distribution, Way to Blue et à l’équipe du film pour leur disponibilité.