Hey Monster !
Le 29 mars 2016
Que vaut la nouvelle adaptation du mythe du Prométhée post-moderne par le réalisateur de Paperhouse et de Candyman ? Réponse en critique.
- Réalisateur : Bernard Rose
- Acteurs : Carrie-Anne Moss, Danny Huston, Tony Todd, Xavier Samuel
- Genre : Épouvante-horreur
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Metropolitan (éditeur DVD)
- Durée : 1h29mn
- Festival : Gérardmer 2016
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– Date de sortie en DVD et Blu-ray : 08 mars 2016
Que vaut la nouvelle adaptation du mythe du Prométhée post-moderne par le réalisateur de Paperhouse et de Candyman ? Réponse en critique.
L’argument : Le monstre se réveille dans un laboratoire scientifique, il ne sait pas qui il est, ce qu’il est. C’est encore un enfant dans un corps d’adulte. Il est innocent, mais la violence qu’on lui inflige lors de tests médicaux va lui faire découvrir l’existence d’un monde très différent, à la fois sombre et cruel. Blessé et abandonné, il parcourt la ville, suscitant la crainte et l’effroi chez ses habitants...
Copyright Metropolitan FilmExport
Notre avis : Lors de sa venue au dernier festival du film fantastique de Gérardmer, le cinéaste Bernard Rose avait d’emblée annoncé la couleur en nous présentant son adaptation de Frankenstein comme une production indépendante bien décidé à ne pas lésiner sur l’hémoglobine et les morceaux de cervelle. De ce côté, on ne peut lui reprocher d’avoir menti (surtout dans la première 1/2 heure).
Maintenant la question fondamentale à se poser avant de s’en imprégner était : que pouvait donc bien apporter le réalisateur de Candyman à cette œuvre totem de la littérature gothique ? Quelque chose de novateur en un sens puisque l’histoire se situe dans les bas fonds du Los Angeles contemporain (avec un sous texte social mis régulièrement en avant) et que l’on nous propose d’adopter d’un bout à l’autre le point de vue du monstre. Autre point intéressant, faire de la créature (interprétée par Xavier Samuel, vu dans la saga Twilight) non pas un assemblage de bouts de cadavres rapiécés mais un corps parfait aux facultés intellectuelles de nouveau né qui se détériore atrocement (une chair en mutation qui évoque La Mouche de Cronenberg).
Ce qui n’empêche pas Bernard Rose de rester en partie fidèle au roman de Mary Shelley. Plusieurs moments clés du livre y sont repris à l’instar de la rencontre avec l’aveugle, ou de celle entre la créature et la petite fille innocente déjà présente dans l’une des premières adaptations cinématographiques signée James Whale (1931). Le sel du roman tient en ce monstre tourmenté à l’aura touchante qui va laisser transparaître un soupçon d’humanité et cela Bernard Rose l’a bien compris. Il fait de lui l’aberration accidentel d’une expérience scientifique entreprise par un couple ayant voulu égaler le créateur.
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Durant son odyssée maudite, la créature en apprentissage constant va subir bien malgré elle sa laideur et la violence discriminatoire du monde dans lequel elle se retrouve projetée. Ses rares moments de soulagement, elle les partage avec d’autres laissés-pour-compte (un chien errant, un clodo bluesman incarné par un épatant Tony Todd).
Mais malgré toutes ses bonnes intentions le film est constamment affecté par des problèmes de ton. Au sein de ce climat horrifique très premier degré, on constate des ruptures soudaines parfois digne d’un grand nanar (du genre : oups désolé j’avais pas vu que tu étais derrière moi et je t’ai tranché la gorge). On ne les imagine pas volontaire de la part de Bernard Rose et cela noircit sa fable horrifique et sociale de façon dommageable. On émettra également pas mal de réserves sur les incohérences un peu fâcheuses (la voix off intelligente sortie de nulle part, le fait que personne ne se lance à la recherche de la créature une fois échappée du labo), le côté un peu trop fauché de l’ensemble et enfin sur le traitement hasardeux réservé au couple de scientifiques (Carrie-Anne Moss et Danny Huston).
Il n’empêche qu’en dépit de nombreux défauts, Frankenstein demeure un film très empreint de la personnalité de son auteur. Le rapprochement avec Candyman est évident (la naissance d’un monstre victime de discrimination) mais il faut bien reconnaître qu’on ne tient pas là une très grande adaptation du mythe du Prométhée post-moderne.
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