Embourbé dans la neige
Le 16 septembre 2012
Cette comédie dramatique enneigée peine à sortir des carcans Sundance et à provoquer une réelle émotion. Dommage pour Dano.
- Réalisateur : So Yong Kim
- Acteurs : Jon Heder, Paul Dano, Shaylena Mandigo
- Genre : Drame
- Date de sortie : 19 septembre 2012
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Cette comédie dramatique enneigée peine à sortir des carcans Sundance et à provoquer une réelle émotion. Dommage pour Dano.
L’argument : Quand Joby, rock-star en herbe, accepte finalement de signer les papiers de son divorce, il découvre qu’il est sur le point de renoncer à la garde de sa fille Ellen, âgée de 6 ans. Il réalise soudain qu’il n’est pas prêt à perdre cette part de lui-même. Espérant rattraper le temps perdu, il cherche à gagner son cœur.
Notre avis : A première vue, For Ellen a tout du produit indé américain typique, comme il en fleurit une bonne dizaine tous les ans et dont les festivals sont si friands – et ça ne rate pas, puisque le film a été sélectionné à la fois à Sundance, Deauville et Berlin. Un comédien coutumier du fait (Paul Dano, qui n’en finit plus de grimper), un catalogue de gentils paumés dépassés par une vie plus grande et plus compliquée qu’eux (ici, c’est une rock star sur le point de percer... depuis plusieurs années), une famille dysfonctionnelle, un décor de bourgade yankee hors d’âge, quelques morceaux folk ou rock pour saupoudrer ses images... Égrainer un tel lot de lieux communs pourra sembler pour le moins vain et fastidieux pour l’exercice de la critique. Or, c’est précisément celui-ci que So Yong Kim, réalisatrice d’origine sud-coréenne, s’applique à réciter à la lettre, reprenant une "recette" qui tend à s’uniformiser (voire à s’épuiser) depuis le succès de Little Miss Sunshine, pour ne plus offrir aucune surprise.
Au moins peut-on reconnaître, de la part de So Yong-Kim, un traitement plus âpre et moins ouvertement comique que ses prédécesseurs. Aigre-doux, jamais vraiment caricatural ni tellement authentique, For Ellen est une oeuvre "entre-deux", naviguant dans des eaux perpétuellement grises – et la photographie, ce n’est pas un hasard, s’en tient à des teintes blafardes – pour finalement se vider de toute substance. C’est avec une certaine lassitude que l’on suit, captées par une caméra à l’épaule d’usage, les galères de Joby, anti-héros peu sympathique mais pas entièrement mauvais gars non plus ("gris", donc), empêtré dans toutes les démarches qu’il entreprend. Conserver la garde de sa fille, négocier avec les avocats, s’engueuler avec ses musiciens au téléphone... Dans le rôle du petit con qui apprend à devenir adulte en se cognant au mur de ses propres errements, Paul Dano semblait un choix idoine, lui qu’on a connu sur la brèche, souvent impressionnant, menaçant d’imploser sous le poids de son intensité ou de ses névroses (revoir There will be blood ou... Little miss sunshine). Étrangement, l’acteur ne réussit, au mieux, qu’à être légèrement crispant, déployant une batterie d’artifices (diction arythmique, roulements de yeux) ou de déguisements (dégaine mollement gothique, tif huileux) qui sentent trop la composition pour convaincre.
Et puis il y a la dernière demi-heure et la rencontre, enfin, avec cette petite Ellen qui donne au film son titre et sa bouffée d’air frais. La craquante Shaylena Mandigo y est pour beaucoup, écarquillant ses grands yeux bleus, à la fois tristes et candides (sans maniérisme enfantin aucun), jetant sur le monde un regard plein de cette maturité qui manque tant à son paternel. Le long-métrage, s’il n’abandonne pas tout à fait ses tics de mise en scène (comme cette manie de faire durer les plans plus que de raison), gagne-t-il au moins un duo d’acteurs qui fonctionne et permet d’échapper, pour un temps, au one-man-show fatiguant de son interprète principal. Les retrouvailles père-fille et leur virée improvisée dans le bled enneigé (comme chipé aux frères Coen de Fargo, la lose au diapason) ponctuent For Ellen sur une note plus nuancée, à la fois pleine d’espoir et de mélancolie. Mais n’empêchent pas, hélas, que l’on devine à des kilomètres l’issue de son itinéraire terriblement balisé.
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