Le 18 juillet 2021
On a du mal à comprendre Sean Penn, qui a livré par le passé quelques films mémorables. Avec Flag Day, il semble se tromper quasiment sur toute la ligne.


- Réalisateur : Sean Penn
- Acteurs : Sean Penn, Josh Brolin, Katheryn Winnick, Eddie Marsan, Dylan Penn
- Genre : Drame, Biopic, Thriller
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Le Pacte
- Durée : 1h48mn
- Date télé : 19 février 2024 21:00
- Chaîne : OCS Pulp
- Date de sortie : 29 septembre 2021
- Festival : Festival de Cannes 2021

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Résumé : John Vogel était un personnage hors norme. Enfant, sa fille Jennifer s’émerveillait de son magnétisme et de sa capacité à faire de la vie une grande aventure. Il lui a beaucoup appris sur l’amour et la joie, mais elle va découvrir sa vie secrète de braqueur de banques et faussaire. Tiré d’une histoire vraie, Flag day est le portrait d’une jeune femme luttant pour guérir des blessures de son passé, tout en reconstruisant sa relation père-fille.
Critique : La démarche de Sean Penn peut paraître sensée et honorable. Il souhaite nous livrer un conte intimiste, abordant l’histoire de Jennifer Vogel, laquelle est tiraillée entre un père absent et une mère alcoolique. Le chemin du personnage la conduira à une tentative de réconciliation avec le premier, tout au long d’un récit parsemé d’embûches, de départs et de retrouvailles qu’on aimerait déchirants.
- Copyright 2021 Metro-Goldwyn-Mayer Pictures Inc. Tous droits réservés.
Le fait est que Penn a le désir de tenter quelque chose de nouveau, notamment dans sa mise en scène, avec des essais pour le moins déroutants. Tout d’abord, on peut mettre à son crédit la volonté de ne jamais proposer le plan le plus facile, privilégiant des expérimentations esthétiques dans la composition de son cadre. Las, certaines d’entre elles peuvent fonctionner, mais la plupart peine à convaincre et tirent la mise en scène vers le bas. On est même en droit de penser que celle-ci est parfois illisible et pénible à suivre. En effet, Flag Day se complique la tâche de manière incompréhensible. Sa réalisation évolue selon les époques décrites à l’écran. La partie la plus ancienne, correspondant à l’enfance de Jennifer, a l’ambition de recréer un effet « boîte à souvenirs ». Pourquoi pas. Seulement, les choix de Sean Penn flirtent avec le supportable, abusent d’une caméra tremblotante à l’excès et de changements de valeurs de plans au sein de la même séquence, qui confinent à l’ineptie. Un simple champ-contrechamp peut lasser, voire rebuter. Mais plus globalement, le réalisateur refuse de filmer simplement l’action, saisit les acteurs plus près, plus loin, puis à nouveau plus près, change d’axe… Impossible de ne pas évoquer un manque de maîtrise.
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Toutefois, Penn sait y faire lorsqu’il s’agit d’explorer un peu plus en profondeur la relation père-fille. Il ne rate pas tout à ce propos, même s’il use jusqu’à la corde de certains poncifs vus mille fois sur ce thème. Le petit « bijou » qui relie John, menteur et taciturne, à Jennifer, et surtout les violons, ne convainquent pas. Il aurait fallu élever nettement son niveau pour justifier la validité de ces clichés. En l’occurrence, ici, le metteur en scène ne fait qu’alourdir son propos.
L’interprétation des acteurs paraît enfin assez limitée. On pleure, on crie beaucoup, on est sans cesse proche d’un surjeu déplaisant.
Le pari de se diriger lui-même et de diriger sa propre fille semble avoir dépassé Sean Penn. La justesse fait défaut et, par rapport à ce que l’auteur est capable de produire, le long métrage suscite de vrais regrets.