Le 13 juin 2020
Derrière cette comédie plutôt bruyante et animée, en revisitant une nouvelle fois les relations de famille, Cédric Kahn parle de la difficulté à se comprendre et des ravages de la maladie mentale. Saisissant.
- Réalisateur : Cédric Kahn
- Acteurs : Catherine Deneuve, Emmanuelle Bercot, Vincent Macaigne, Cédric Kahn, Luàna Bajrami
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Le Pacte
- Durée : 1h41mn
- Date télé : 6 février 2022 21:10
- Chaîne : France 2
- Date de sortie : 4 septembre 2019
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Résumé : "Aujourd’hui c’est mon anniversaire et j’aimerais qu’on ne parle que de choses joyeuses." Andréa ne sait pas encore que l’arrivée « surprise » de sa fille aînée, Claire, disparue depuis 3 ans et bien décidée à reprendre ce qui lui est dû, va bouleverser le programme et déclencher une tempête familiale.
- Copyright Les Films du Worso
Notre avis : C’est l’anniversaire d’Andrea. Sans doute n’y a t-il pas meilleure occasion pour que sa fille réapparaisse après trois ans d’absence aux Etats-Unis et sème la zizanie au sein de cette famille, déjà bien fragile au regard des personnalités qui la composent. Cédric Kahn installe sa caméra dans une magnifique demeure bourgeoise, quelque part, en province, au milieu d’un parc. Evidemment, on ne peut pas s’empêcher de penser au fameux Dimanche à la campagne de Bertrand Tavernier, et plus récemment Un conte de Noël de Depleschin. Il y a en effet un esprit bucolique qui plane autour de cette famille, où l’on ne tarde pas à deviner que derrière ces caractères trempés, se cachent des secrets, de la culpabilité et des mauvaises pensées. Plus qu’un film de cinéma, le réalisateur s’essaye à une sorte de traité théâtral où les comédiens, dans une presque unité de temps, ont tout le loisir de donner chair à leur talent.
Copyright Les Films du Worso, 2019
Au cœur de ce récit, il y a Deneuve et Bercot. Elles sont toutes les deux impériales dans leur rôle très opposé. La première est la grand-mère de la famille. Elle règne sur sa tribu, avec une tendre désinvolture et beaucoup d’amour. Elle essaye de composer avec les personnalités orageuses et fantasques de ses enfants, qui ne sont jamais loin d’un conflit. La seconde, c’est la fille qui revient. Elle est excessive, drôle, hystérique, insupportable. Elle est surtout ravagée par la folie, dont on perçoit dès les premières séquences, la puissance qui engendre de la douleur. Indéniablement, Cédric Kahn offre à ses deux comédiennes un film à la hauteur de leur talent. Il s’agit assurément d’un long métrage conçu pour ses comédiens. Tout semble à la fois totalement crédible et complètement fantasque. Le spectateur se croirait invité à la table de cette famille, comme s’il en faisait partie, reconnaissant les dialogues animés qui en font leur couleur, percevant le souffle d’amour qui circule entre ces gens et se projetant dans la gestualité simple qui compose la substance des repas familiaux. Même l’éternelle Deneuve, qui épluche des légumes ou étend la nappe sur la table, ressemble à la vraie vie. Et il y a cette scène très jolie, où les comédiens entonnent un pas de danse maladroit, et on ne peut pas s’empêcher de penser que près de cinquante ans plus tôt, l’actrice illuminait les œuvres de Jacques Demy.
Copyright Les Films du Worso, 2019
Cédric Kahn s’est déjà attaqué à la famille. Récemment, il illustrait la difficulté à endosser un rôle paternel dans une société normative, à travers son film Vie sauvage. Le cinéaste se frotte de nouveau à la dimension familiale, mais surtout interroge la normalité des rapports entre membres familiaux. On s’étonne presque de la façon dont les personnages n’en rajoutent pas aux bêtises des uns et des autres. Il y a une sorte de pardon profond qui traverse les personnages, comme si cela constituait le ciment de la vie familiale. La mère, Andrea, s’illusionne sur l’état de santé de sa fille. Elle voudrait que l’amour soit plus fort que la maladie, et surtout, que la société ne vienne pas imposer son regard jugeant sur ce qui se joue dans l’intimité familiale.
Allez, on reprochera à Cédric Kahn de faire un cinéma bourgeois. Il n’empêche que le réalisateur se moque de son propre milieu professionnel. Il parle de la création cinématographique, de la difficulté à échapper au système de la production propre au septième art. Il filme en famille et en cela, il rend hommage à tout le septième art.
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