Festival Lumière 2017 : Rencontre avec Michael Mann suivie de la projection de Heat

L’argument est fort : l’un de ses sommets, Heat, a été restauré par ses bons soins en 4K. Le festival de Lyon n’a pas manqué l’occasion pour faire venir le maître et lui rendre un hommage mérité. Et ô surprise, la soirée commence très fort puisqu’un fan inconditionnel - ce qui est assez surprenant lorsqu’on voit leurs filmos respectives par ailleurs - est venu animer les débats aux côtés de Thierry Frémeaux : Guillermo del Toro lui-même ! La discussion commence par une longue standing ovation à laquelle Michael Mann semble réceptif sans pour autant sortir de sa retenue. Élégant, le réalisateur commence donc le jeu des questions / réponses et del Toro manifeste son enthousiasme de groupie absolue comme s’il était exactement au même statut que le public qui lui fait face.

Première révélation : Michael Mann, de l’aveu de Thierry Frémeaux, aurait accepté en coulisses de tourner un documentaire réalisé par Guillermo del Toro dans lequel il se livrerait face caméra sur sa riche carrière. Petit scoop impromptu mais on se prend à saliver étant donné que Mann est un homme rare et assez peu bavard. La discussion se poursuit et le réalisateur de Thief donne quelques leçons de ciné en filigrane sur sa méthode, sur le fait qu’il lui serait impossible aujourd’hui de monter un projet comme Heat (c’est beaucoup dire sur l’état du cinéma américain et ses "prises" de risque), qu’il présuppose beaucoup l’intelligence du spectateur (justifiant ainsi la forme de ses films en tant que premier narrateur), qu’il passe un temps infini à écrire la vie de TOUS les personnages de ses films (que l’on voit ou non à l’écran) en cherchant l’authenticité et qu’il ne se considère pas comme un auteur mais juste quelqu’un qui fait des films. Surgit des mains de Guillermo un script annoté, petite pépite que l’on aimerait découvrir : le scénario de Heat avec les commentaires hyper poussés de Mann. Petit trésor que l’on aimerait découvrir au plus vite... Mais il est déjà temps de laisser place au film et ses 2h50 de director’s cut, avec toujours cette efficacité, son rythme unique, son braquage légendaire et son épilogue crépusculaire d’une puissance rare. Nul ne s’est endormi, pas même Bertrand Tavernier, Vincent Lindon ou del Toro restés à nos côtés pour voir le film dans des conditions inédites. Pas une minute en trop, pas un instant de répit malgré les longues séquences contemplatives devant l’océan. Déjà une soirée mémorable pour les fans de Mann et pour les chanceux qui ont découvert le film pour la première fois en 4K.