Le 14 octobre 2013
- Festival : Festival Lumière
Ce soir, à 19 h15, Lyon, la cité des Gaules où fut inventé il y a bientôt 110 ans le cinématographe s’apprête à fêter comme il se doit l’ouverture de la 5e édition du Festival Lumière. Durant toute la semaine, découvrez "la chronique d’un spectateur illuminé", la tribune libre d’aVoir-aLire en direct de l’événement.
Ce soir, à 19 h15, Lyon, la cité des Gaules où fut inventé il y a bientôt 110 ans le cinématographe s’apprête à fêter comme il se doit l’ouverture de la 5e édition du Festival Lumière. Durant toute la semaine, découvrez "la chronique d’un spectateur illuminé", la tribune libre d’aVoir-aLire en direct de l’événement avec en vedette Mister Tarantino superstar.
Chers lecteurs bonjour. Bienvenue dans cette nouvelle rubrique, qui, je l’espère, vous fera vivre au mieux et par éclats précieux les modestes aventures d’un cinéphile perdu dans l’immensité d’une mer de pellicules. Ah qu’il est bon de se sentir d’attaque pour partager avec vous les joies et émotions de cette cinquième édition du Festival Lumière de Lyon. Rappelons juste au passage que Thierry Frémaux, le grand manitou du Festival de Cannes également directeur de l’Institut Lumière, tenait absolument à doter la ville des inventeurs du cinématographe (en 1895 pour le petit rappel historique) d’un festival digne de ce nom. C’est maintenant chose faite, et je parie ma chemise qu’Auguste et Louis sont ravis de l’apparition de cette nouvelle grand-messe du 7e Art, il faut le dire pas comme les autres. À l’instar des frères Lumière, qui, avant de se faire chiper peu à peu le quasi monopole des films par nos amis d’outre-atlantique, envoyaient des opérateurs tourner aux quatre coins du monde, le Festival a pour principal but de nous faire voyager de l’autre côté de l’écran, à la rencontre de ces personnages étranges qui peuplent la toile. Pas plus tard qu’hier soir, Arte (un grand bravo pour la programmation) a eu la bonne idée de repasser La Belle et la Bête (1946), objet magnifique d’une qualité plastique, d’une poésie de la vie et d’une intensité émotionnelle qui font l’apanage des grandes œuvres. Avant le démarrage de la pelloche, Jean Cocteau, son génial créateur, demande au spectateur de regarder son film avec les yeux d’un enfant, innocent et crédule de tout ce qu’on peut lui dire. C’est peut-être bien ça, la magie du cinéma, qui, s’il n’était que le miroir de la réalité, même déformée, ne parviendrait jamais à ce statut de merveilleux qui autorise, le temps d’un instant, de s’échapper de l’emprise du monde. Pour ma part, mon approche du cinéma se fait avec les yeux mi-clos, l’un captant directement les images s’imprimant sur la rétine, comme hypnotisé par l’écran chatoyant de couleurs et saturé de formes, l’autre ouvert sur notre monde. Eyes Wide Shut, le dernier testament cinématographique de Kubrick (à qui le festival rend hommage avec la projection de Lolita, adaptation du sulfureux roman de Nabokov), n’a cessé de mettre en avant cette frontière ténue entre le rêve et la réalité.
- Nicole Kidman et Tom Cruise dans "Eyes Wide Shut" de Stanley Kubrick
- © DR
Si le cinéma nous permet de rêver les yeux grands ouverts, l’évasion qu’il incarne, impression de liberté totale et extériorisation des pulsions du spectateur par personnes interposées, nous amène à les fermer lorsque la lumière baisse, pour mieux les rouvrir par la suite, véritable gymnastique qui établit un pont entre deux mondes. Un rêve de film, irrépressible envie de vivre l’expérience de la salle obscure, ça se croque à pleine dent sans se poser de questions, comme on étanche sa soif au bord d’un ruisseau cristallin. Encore faut-il parvenir à y entrer de plain-pied, sans présupposés, avec l’âme d’un enfant prêt à recevoir son cadeau. Gourmandises de toutes sortes et de tous âges sans dates de péremption, les films présentés cette année apparaissent comme particulièrement alléchants. Ma mission, si vous l’acceptez, est de vous transmettre ce gargantuesque appétit pour ces métrages qu’on croit souvent connaître mais qui réclament sans cesse la réactualisation de notre mémoire de spectateur, et pour tous ces OFNI, objets filmiques plus ou moins bien identifiés, à découvrir tout au long de la semaine. On attend donc avec impatience la cohue de 19 h, qui nous amènera cahin-caha au cœur de l’immense halle Tony Garnier pour une soirée d’ouverture aux côtés d’un Thierry Frémaux dont l’éloquence n’est plus à prouver et de tous ses amis acteurs et réalisateurs. Un beau gratin (je promet de prendre mon calepin pour y noter la liste des people) qui annoncera dans une monumentale cacophonie la célèbre phrase : « Nous déclarons le 5e Festival Lumière de Lyon ouvert ». Ça promet de faire chaud au cœur, d’autant plus que la soirée se poursuit par le très beau film de Henri Verneuil, Un singe en hiver, emblématique du double hommage rendu au cinéaste ainsi qu’à Jean-Paul Belmondo. Avec le couple Bébel / Gabin au sommet de son art brodant sur les dialogues d’Audiard. La suite au prochain épisode avec du Tarantino et du Bergman. Croix de bois, croix de fer … Si je mens je suis privé de ciné !
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