Le 3 septembre 2003
Du 5 au 14 septembre, la 29e édition du Festival du cinéma américain de Deauville. Au-delà des incompréhensions réciproques, l’occasion de refaire la part belle aux artistes.
29e édition. Au-delà des incompréhensions réciproques, l’occasion de refaire la part belle aux artistes.
C’est comme un goût amer, une rancœur que les mesquineries et autres coups bas ont rendue tenace. Serait-il possible que l’on ne s’aime plus ? Non bien sûr, mais vu que, depuis plusieurs mois, les politiques et les extrémistes parlent à leur place de chaque côté de l’Atlantique, Américains et Français se retranchent et s’enfoncent dans leurs préjugés. Il est temps de redonner la parole aux artistes, ceux qui n’hésitent pas à interroger ouvertement leur société, à en dénoncer les mythes destructeurs et à en célébrer les vrais valeurs. Heureusement pour nous, ils ne se résument pas au talentueux Michael Moore.
Au-delà d’une remarquable offensive commerciale, le festival de Deauville apparaît donc cette année, plus que jamais, comme une occasion de leur refaire la part belle. Certes le spectateur sioux, qui entend déjà s’approcher au loin les poids lourds des studios américains, ne manquera pas de souligner que la valeur subversive de American Pie 3 et Legally Blonde 2 reste à prouver. Qu’il s’intéresse à la sélection des films en compétition pour cette 29e édition. On y trouve, entre autres, deux films acclamés par la critique : American Splendor, un coup de projecteur sur la vie de Harvey Pekar, intello prolétaire, atteint de troubles obsessionnels compulsifs, qui raconte, du fin fond de l’Ohio, son quotidien banal et ses expériences diverses dans une bande dessinée devenue culte ; et Thirteen, chronique de l’âge ingrat, ou l’impuissance d’une mère face aux démons de son adolescente de fille. On est également impatients de découvrir The United States of Leland, nouvelle critique au vitriol de la société yankee. En tout, dix films et autant de bonnes raisons de dépasser les querelles stériles.
Un mot sur le jury, présidé, cette année, par l’incontournable Roman Polanski ; ou peut-être devrait-on dire indésirable puisque de sombres affaires de mœurs lui interdisent le territoire américain depuis maintenant vingt ans. Entouré de sa muse Nastassja Kinski, ainsi que de Claudia Cardinale, ou encore du remarquable Ben Kingsley (sublime Gandhi), il semble avoir acquis toute la maturité et le recul nécessaires pour faire du palmarès 2003 une référence.
Ne passons pas à côté du festival de Deauville ou alors, l’exception culturelle française signifierait finalement autre chose. Ce que nous ne souhaitons évidemment pas.
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