Femmes dangereuses - la critique du film + le test DVD

Notre avis : Femmes dangereuses est une comédie sur l’amour ; il ne parle que d’amour, multipliant les couples et les situations, sans que jamais le thème ne soit absent. Comencini y envisage tous les types de couples, du débutant à celui qui ne se parle plus que par personne interposée. Autant le dire, c’est un régal : dialogues spirituels, comédiens toujours justes et surtout, ce sans quoi la comédie rate infailliblement, un sens du rythme jamais pris en défaut. C’est alerte, enlevé, constamment séduisant.
Il faut dire que le scénario a l’intelligence de diversifier les situations, appuyées parfois sur des détails signifiants : ainsi de l’interphone qui permet à Pirro de savoir ce que les employés pensent de sa promotion. Mais c’est surtout par les réparties, assez légères pour ne pas sentir le mot d’auteur, que le charme opère : entre le fils qui se fiche de Tchaïkovski, la mère qui ne peut espionner et pourtant « on devrait entendre, c’est un appartement moderne » ou la vulgate des magazines féminins récitée comme un credo, le festival est permanent. De même les situations, proches parfois du boulevard, sont elles aussi suffisamment inventives pour qu’on ne s’ennuie jamais (le sifflement dans l’ascenseur mériterait de figurer dans une anthologie).

On s’amuse donc beaucoup, et c’est évidemment l’essentiel dans une comédie. Mais on sent poindre dans nombre de séquences une réelle tendresse, notamment pour les épouses, ce qui n’étonnera pas d’un cinéaste aussi sensible que Comencini ; en même temps, le film repose sur des présupposés (la suspicion permanente, les méfiances continues) qui, malgré une fin heureuse, donne une vision assez pessimiste du couple. Le plus ancien passe son temps à se faire la guerre, dans des séquences réjouissantes et néanmoins cruelles ; les autres hésitent entre calme et tempête, rage et abattement. Au fond rien en amour n’est jamais acquis, et les personnages l’éprouvent dans leur chair : Tosca la tentatrice elle-même hésite entre manipulation cynique et sentiment – et peut-être, à l’instar du spectateur, ne sait-elle pas toujours où elle en est.
Par rapport aux chefs-d’œuvre classiques de la comédie italienne, Femmes dangereuses manque sans doute un peu de profondeur et de cruauté ; mais grâce à la mise en scène attentive de Comencini, au rythme sans temps morts et à l’abattage des comédiens, le film tient largement la route et, disons-le sans honte, amuse beaucoup.

Les suppléments :
On aime l’accent chantant de Jean A. Gili, comme on aime qu’il partage son savoir encyclopédique sur le cinéma italien. Encore ici, il fait le tour des actrices, de la carrière de Comencini, de l’intérêt du film, tout ça en 19 minutes. Comme cette intervention est remarquable, on ne s’attristera pas trop du fait qu’elle constitue à elle seule tous les bonus.

L’image :
Pour un film de cette époque, la copie proposée est remarquable : contrastes, précision, nuances du noir et blanc, tout y est.

Son :
Rien d’épouvantable, bien sûr, mais le son est un peu étriqué ; dès la chanson du générique, à la fois parfaitement compréhensible et éraillée, on comprend que la seule piste VOST sera satisfaisante, sans scories, mais sans ampleur.