Le 18 décembre 2018
Bilan mitigé pour cette saison quatre, à cause d’une première partie défaillante. Mais la seconde, ambitieuse et souvent haletante, rehausse largement le niveau.
- Acteurs : Garret Dillahunt, Alycia Debnam-Carey, Frank Dillane
- Genre : Drame, Thriller, Épouvante-horreur
- Nationalité : Américain
- : Universal Pictures Video
- Durée : 16 x 45mn
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– Sortie DVD et Blu-ray : le 5 décembre 2018
Résumé : Longtemps après la destruction du barrage de Tijuana, maintenant établis au Texas dans un stade de base-ball, Madison et ses amis vont avoir encore à lutter contre de nouveaux ennemis.
Notre avis : Alors que la saison 3 connaissait une chute d’audience, les scénaristes de Fear the walking dead ont décidé de faire table rase d’un passé improductif et de donner à la série une dimension différente. Pour ce faire, ils ont scindé les 16 épisodes en deux parties égales et nettement séparées, l’une encore centrée sur les personnages d’origine, l’autre avec un casting presque entièrement renouvelé. Huit épisodes de transition, huit d’amorce de la saison suivante. Le pari était risqué, et n’est que partiellement réussi, mais il ne cesse d’intriguer et, de temps en temps, parvient à élever l’ensemble à un haut niveau, au moins d’ambition.
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La première partie s’ouvre par un monologue d’une sorte de cow-boy dont nous ne savons pas encore qu’il s’appelle John et qu’il jouera un rôle majeur. Sa harangue vise un potentiel inconnu, mais déclenche l’arrivée d’un zombie, bientôt tué par l’inconnu en question, qui s’avère être Morgan, protagoniste échappé de The walking dead mais, disons-le tout de suite, il n’y aura pas de cross-over d’importance, Morgan étant le seul à passer d’une série à l’autre. Les présentations faites, les épisodes suivants se nouent autour d’un événement traumatique qui ne sera dévoilé entièrement qu’à la fin du huitième épisode, au terme d’une narration complexe aux flash-back entremêlés. À vrai dire on se perd un peu dans ce dédale de temporalités et de motivations complexes, malaise aggravé par le fait que le « méchant », chef des « Vautours », ne soit pas des plus charismatiques. L’enjeu se dissipe par la destructuration d’une situation au fond banale dans les deux séries : une communauté rassemblée dans un lieu clos (ici, un stade) assiégée par une troupe adverse. L’originalité repose sur la narration, on l’a dit, mais aussi sur quelques idées étranges (charmer les zombies par la musique de Strauss tandis qu’ils poursuivent un cycliste !) et sur la méthode employée (les « Vautours » attendent que la communauté se meure). Ce n’est pas suffisant pour secouer le spectateur, d’autant que les longues digressions explorant le passé des personnages se traînent parfois. On sent néanmoins le désir de rupture, symbolisé à l’image par l’invasion de couleurs blafardes que Morgan semble avoir importées de la série-mère.
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La seconde partie commence quelques semaines plus tard, alors que les héros sont dispersés et vivent un quotidien ennuyeux. Fini les flash-back et la reconstitution alambiquée : l’ouragan qui se déclenche et éparpille les personnages semble inventé pour signifier le coup de balai salvateur donné à une structure épuisée, condamnée au ressassement. Voici donc un nouveau méchant, qui n’apparaît que progressivement : une femme, Martha, acharnée à combattre la faiblesse et qui se donne pour but de rendre Morgan « fort ». Abstraite en apparence, cette idée se révèle particulièrement puissante en ce qu’elle éloigne l’enjeu habituel (se nourrir, conquérir un territoire) pour se placer sur un domaine inhabituel : c’est que Martha veut modeler le monde à la mesure de sa morale déviante. N’ayons pas peur des mots, elle s’engage dans une lutte métaphysique : la série ne cesse alors de brasser des thèmes majeurs (la culpabilité, la responsabilité, la rédemption) parce que Martha, à l’instar d’un Achab, est une révoltée contre un Dieu injuste qui a tué son mari ; elle se venge à sa manière, inversant la charité chrétienne pour supprimer les faibles et glorifier la force. Sans vouloir surinterpréter, le surhomme de Nietzsche n’est pas très loin. La fin se lit alors comme un retour au catholicisme d’origine : les protagonistes deviennent des moines (Morgan n’a-t-il pas un bâton de pèlerin ?) pratiquant la charité. Et paradoxalement, cette deuxième partie qui semble voler haut est aussi riche en séquences tendues (la cave inondée, l’hôpital assiégé) ou inattendues (le vent qui emporte les zombies, le crocodile) et se suit bien plus passionnément que la première. Reste à savoir ce que deviendra cette série, partie sur de nouveaux rails prometteurs, qui peut devenir un prêchi-prêcha balourd ou continuer à se métamorphoser et emprunter des chemins moins balisés. Cette saison 4 a semé tant de germes, proposé tant de nouveaux personnages attachants (la journaliste et ses enregistrements, les frère et sœur baroudeurs, John) qu’elle risque de décevoir si l’élan se brise. Attendons.
Les suppléments :
Chaque épisode se voit gratifié de deux courts modules (1 à 6 minutes) d’intérêt inégal : si le making-of est parfois précieux quand il démonte des séquences (la cuve de pétrole, l’ouragan, l’accident de char ou de voiture), le « retour sur » se borne à des paraphrases psychologisantes et émerveillées.
L’image :
Le Blu-ray à son meilleur : une image à la définition magnifique, avec un superbe rendu du travail sur les couleurs. Le très léger grain ajoute à la beauté d’une copie impeccable.
Le son :
Nous avons testé les deux pistes (VO et VF DTS-HD 5.1) toutes de rondeur et de limpidité. Les dialogues sont confondants de naturel et la musique quand elle est anxiogène se révèle immersive. Que du bonheur.
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