Le 10 décembre 2012
- Réalisateur : Yassine Qnia
- Acteurs : M’Barek Belkouk, Smaïl Chalane , Mahamed Faroud
- Genre : Court métrage
- Durée : 22min
- Plus d'informations : interview de Yassine Qnia sur le site format-court
- Festival : Festival du Film de Vendôme
L’ambition contrariée et la passion du cinéma au coeur de ce court métrage qui a convaincu le jury du festival de Vendôme, qui lui octroie son prix spécial lors de sa vingt et unième édition.
L’ambition contrariée et la passion du cinéma au coeur de ce court métrage qui a convaincu le jury du festival de Vendôme, qui lui octroie son prix spécial lors de sa vingt et unième édition. .
L’argument : Yassine, jeune cinéphile passionné, veut tourner un film dans son quartier. Il souhaite associer ses amis d’enfance à son projet. Mais l’amitié a parfois ses travers...
Notre avis : Yassine veut réaliser un court métrage. Il y met toute son énergie, trouve le matériel, écrit le scénario, organise les répétitions et fait passer les castings. Mais son ambition se heurte à la nonchalance de ses amis qu’il implique, tant bien que mal, dans le tournage. Le résultat est un film sur l’ambition contrariée, sur la solitude du créateur, tout en étant une chronique sur l’adolescence, sur Aubervilliers, et sur la vie en groupe.
Le film est l’histoire d’une lente déception : les projets de Yassine, disciple lointain de Martin Scorsese, sont contrariés de toutes les manières possibles. Il doit gérer les vexations et caprices de ses acteurs, le désintérêt de son équipe qui ne voit dans le choix du casting féminin qu’une occasion de s’entourer de jolies filles, et subir les pressions de deux mini caïds en trottinette qui l’obligent à les prendre comme régisseurs. Tout le monde lui met des bâtons dans les roues, jusqu’à son propre corps qu’il transporte difficilement à travers Aubervilliers pour tenter de mener à bien son projet. Chaque mésaventure entame sa résolution, et bientôt malgré ses trouvailles de diplomatie, sa témérité et sa résolution, il désespère. Mais le malheur de Yassine prête à la mise en scène d’une galerie de personnages, tous aussi inconstants, égocentriques et dispersés les uns que les autres.
En regardant Fais croquer, on se rend vite compte que si le ton est léger c’est par élégance : car il ne se range pas aux cotés des comédies sur la banlieue comme Lascars ou des films d’action populaire comme Banlieue 13. En vingt-deux minutes, Yassine Qnia aborde le thème de l’amitié, du racisme, de la passion et de la difficulté qu’on éprouve parfois à vivre au milieu des siens. Il ne tourne pas un docu-fiction sur la vie à Aubervilliers : son court métrage va bien au-delà. S’il parle de ce qui fait le quotidien d’une génération, il traite surtout l’intemporel thème de l’artiste incompris, parce que c’est bien là le propos du film. Le réalisateur filme le choc entre l’envie de créer qui habite Yassine et l’inertie de son entourage, d’autant plus dévastatrice qu’elle est couplée avec le manque d’éducation. Le film parle de l’absence d’envie, des ratés du système scolaire et tacle discrètement l’institution lorsqu’il se moque gentiment de Luc Besson (« Luc qui ? »).
Yassine Qnia réalise une mise en abîme, dans laquelle il se place au centre, mais là encore rien de nombriliste dans sa démarche, bien au contraire. Vacciné contre l’égo trip par des années de vannes quotidiennes, il écrit sur ce qu’il connait, et utilise son entourage comme matériau, comme le fait son alter ego dans le film : « J’ai été très tôt humilié ou charrié. Tout le temps, quoi. Dès que tu avais des rêves, tu te faisais tout le temps humilier par tes potes, tes camarades. C’est le sport national ici. Du coup je n’ai de prétention*. »
Yassine Qnia utilise comme matière première tout ce qui a travaillé à l’empêcher d’avancer et aurait pu le stopper, et retourne finalement à son avantage la frustration en un geste créatif.
* source : interview de Yassine Qnia sur le site formatcourt.com
Galerie Photos
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