Le 9 mai 2017
- Réalisateur : Fabrice Du Welz
- Plus d'informations : Le site du distributeur
Le réalisateur de Calvaire s’est-il calmé en allant tourner en Amérique ? Interview.
- Fabrice du Welz - ( C) The Jokers Distribution
Message From The King, c’est l’histoire d’un Sud-Africain, Jason King, qui débarque à Los Angeles. Un parallèle facile à faire avec une autre histoire qui se passe cette fois-ci derrière la caméra : celle d’un réalisateur belge, Fabrice Du Welz, qui débarque à Hollywood. Nous avons posé quelques questions au cinéaste déjanté de Calvaire, Vinyan et Alleluia, connu pour sa radicalité...
aVoir-aLire / Coralie Huché : Parlez-nous de votre expérience américaine !
Fabrice du Welz : Faire des films là-bas, c’est très différent d’ici, culturellement surtout. La voix du metteur en scène compte beaucoup moins. J’ai eu un grand nombre de latitudes pendant le tournage. En post-production, c’était plus compliqué. J’ai mené le film à bien mais il a fallut naviguer, ça m’a pris énormément de temps et d’énergie.
Je n’ai pas une âme de mercenaire, quand je m’engage c’est vraiment de manière totale, complète et viscérale. J’aurais pu partir au début de la postprod comme c’est souvent le cas mais j’ai essayé d’accompagner Message From The King jusqu’au bout. Et puis le risque m’excitait ! Je ne suis pas un cinéaste pantouflard, j’aime profondément aller vers l’inconnu et pour le coup, ça, c’était une aventure assez extrême.
- (c) The Jokers
aVoir-aLire : Comment dirige-t-on ses acteurs dans un autre langue que la sienne ?
F.D.W. : C’est de l’anglais, ça va ! Je ne suis pas fluent mais me débrouille très bien et je comprends tout. Tourner en anglais n’a pas été un problème, je pourrais tourner dans toutes les langues dans le fond. Bien sûr, il faut pouvoir communiquer avec ses comédiens mais le travail de mise en scène, ce sont surtout des choix, des dogmes, une orientation. On l’oublie parfois un peu... J’ai fait mon travail de metteur en scène un peu comme on le faisait dans les années 60-70. C’est à dire que j’ai été appelé sur un projet. J’ai vraiment été au service du film, de mes personnages, et ce de manière complète et très passionnée. J’ai parfois eu des petits regrets mais c’est subjectif. Encore une fois, ce qui m’intéresse, c’est de faire de la mise en scène.
aVoir-aLire : Comment était l’entente avec les acteurs ?
F.D.W. : C’était un bonheur de travailler avec Chadwick Boseman, qui faisait déjà partie du projet quand je suis arrivé. D’une façon générale, j’ai eu beaucoup de chance sur le casting de Message From The King, tous les acteurs étaient dévoués au projet et très consciencieux. Ce qui me passionne dans le cinéma américain, ce sont justement ses acteurs ! Ils sont charismatiques et très travailleurs, ce qui n’est pas le cas partout.
- Message from the King - (C) The Jokers - Les Bookmakers
aVoir-aLire : Vous avez tourné en 35mm sur Message From The King, c’est assez inhabituel aux États-Unis !
F.D.W. : Dans le cinéma indépendant américain, ce n’est pas un standard facile. En fait, c’est la chaîne qui est compliquée. A Los Angeles, il ne reste plus qu’un studio qui traite la pellicule. Il y a quelques réalisateurs américains qui continuent à tourner en pellicule mais ils ont des budgets beaucoup plus conséquents : il s’agit de Tarantino, Nolan ou Scorsese. Là, sur un budget de 8 millions de dollars comme le nôtre, c’est tout de même très compliqué. Mais pour moi, pour emmener le film là où je voulais et esthétiquement parlant aussi, c’était fondamental !
aVoir-aLire : Que retenez-vous de cette expérience et pensez-vous la renouveler à l’avenir ?
F.D.W. : J’ai appris beaucoup de choses et surtout, j’ai traversé cette expérience de bout en bout, c’est déjà bien ! Ce n’est pas simple de protéger sa vision des choses et ça aurait pu être vraiment catastrophique. Il m’arrivera probablement de renouveler l’expérience et refaire des films là-bas parce qu’en fin de compte, je m’en suis bien sorti. Mais pour l’instant, je vais retourner à quelque chose de plus personnel, dans la lignée de Calvaire et Alléluia. Ensuite on verra. De toute façon, ce qui m’intéresse c’est de bouger ! Je ne suis pas un obsédé d’Hollywood, je ne m’y projette pas forcement. Ce qui m’importe, c’est de faire des films, que ce soit au Bangladesh, en Bulgarie, en France, en Belgique ou à Los Angeles. C’est toujours ce mouvement, ce départ-là, cette aventure ou ce bateau à prendre qui m’attire en premier.
Message from the King
Avec Chadwick Boseman, Luke Evans, Teresa Palmer
En salle le 10 mai 2017
Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement
Galerie Photos
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