Le septième passager
Le 22 janvier 2016
À la croisée de 2001, l’odyssée de l’espace et de Paranormal Activity, Europa Report est une petite gemme de science-fiction particulièrement inventive, qui démontre avec malice que les idées sont toujours plus importantes que le budget.
- Réalisateur : Sebastian Cordero
- Acteurs : Anamaria Marinca, Michael Nyqvist, Sharlto Copley, Daniel Wu, Embeth Davidtz
- Genre : Science-fiction
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h30mn
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Sortie DVD : le 14 janvier 2014
À la croisée de 2001, l’odyssée de l’espace et de Paranormal Activity, Europa Report est une petite gemme de science-fiction particulièrement inventive, qui démontre avec malice que les idées sont toujours plus importantes que le budget.
L’argument : Un équipage international d’astronautes est missionné par une société privée sur Europe, l’une des lunes de Jupiter, pour y chercher d’éventuelles traces de vie. Après un atterrissage catastrophique dû à une défaillance technique, le contact avec la Terre est perdu. Les six astronautes se retrouvent seuls sur cette planète glacée, et sont bien loin d’imaginer ce qu’ils vont y découvrir…
- © Metropolitan FilmExport
Notre avis : Cela fait déjà un bon moment que le cinéma de genre transpose les idées popularisées par le Projet Blair Witch à toutes les sauces, particulièrement dans le domaine de l’horreur, comme l’a prouvé le succès incroyable de la série des Paranormal Activity (884 millions de dollars de recettes dans le monde). Si ce concept est parfois utilisé intelligemment, il a néanmoins ses limites. Europa Report est l’un des rares films du genre qui justifie complètement ce choix d’approche faux documentaire et qui l’exploite à 100%. C’est que le long-métrage qui nous intéresse se veut davantage un récit d’anticipation que de science-fiction pure, le tout se voulant réaliste au possible, notamment via l’utilisation de nombreuses images d’archives. Se situant dans un futur proche, le film est un journal vidéo constitué d’un assemblement d’extraits de vidéosurveillance et d’interviews, seules données récupérées d’une expédition funeste sur Europa.
Au-delà de sa présentation, la véritable originalité du film vient surtout du fait que ce dernier refuse de s’inscrire dans un genre narratif de SF précis. Nos réflexes de spectateurs nous poussent dès le début a développer des attentes vis-à-vis de l’intrigue d’Europa Report. Forcément, quelque chose va mal tourner. Un monstre va débarquer et le film va tourner à l’horreur, ou alors un des membres de l’équipage va perdre ses moyens et le scénario va virer au thriller en huis clos... La force du scénario vient de l’élégance avec laquelle il ignore ces clichés narratifs. Car peu importe le sort malheureux que vont rencontrer certains des protagonistes. Ces scientifiques de l’impossible sont près dès le décollage à sacrifier leur vie pour le progrès, leur choix est déjà fait et leur sort n’a finalement que peu d’importance. Ils sont résignés à leur destin et aux faibles chances de succès de leur expédition et le film se concentre davantage sur le pourquoi de leur dévouement à l’idéal scientifique face à l’inconnu. Une écriture inattendue et presque inédite. Ainsi, malgré le nihilisme de certaines scènes, Europa Report est avant tout une noble déclaration d’amour à la science, au progrès et à l’aventure humaine. Bref, un message très Star Trek dans une ambiance plutôt Alien.
Formellement réussi, le film propose des décors magnifiques et criant de réalisme ainsi qu’une minutie qui fait mouche. On s’attend rarement à ce qu’un faux documentaire nous éblouisse de ses images mais chaque angle de caméra est soigneusement composé et éclairé. Le réalisateur Sebastiàn Cordero multiplie habilement les points de vue : caméras de surveillances, interviews, première personne, etc. La bande originale est composée par le grand Bear McCreary, illustre pour son travail sur Battlestar Galactica et qui retrouve ici les étoiles. Abonné à la télévision, il est bien dommage qu’il ne soit pas davantage utilisé sur grand écran car il est un des grands talents musicaux d’Hollywood. Quant au casting, les nouveaux venus sont tous excellents et les quelques visages connus parviennent bien à se dissimuler et ne cassent pas l’immersion dans ce faux documentaire. S’il verse souvent dans la caricature, Sharlto Copley (District 9) est ici très bien utilisé et amène un soupçon de légèreté bienvenu. Certains reprocheront peut-être au film d’en montrer un peu trop dans son final, mais ce dernier est merveilleusement paradoxal dans les émotions qu’il suscite et accomplit donc son devoir. Froid, pensif, ambitieux et pourtant idéaliste, Europa Report est un petit vent de fraîcheur dans le monde de la science-fiction et du space opera.
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