Être montagne - Jacopo Starace - la chronique BD

Critique : En choisissant un regard au ras du sol, plus proche de cette biosphère que nous continuons de dégrader, Jacopo Starace voulait modifier un point de vue que d’autres œuvres ont déjà expérimenté : la faiblesse humaine face à la nature qu’il aura trop martyrise. Nausicaa avait très bien fait cela, et la bacille de l’Être montagne semble être un écho de ces spores hostiles, de même que les insectes gigantesques se rapprochent de ceux à taille normale qui font de l’ombre à ces hommes-fourmis. Les points communs ne manquent pas, mais on reconnaîtra des qualités originales de cet album : un affrontement générationnel puissant, des péripéties pas vraiment glorieuses, un côté plus pathétique qu’épique, un final aussi surprenant qu’émouvant, bref de quoi donner à lire avec envie et assiduité.

© Sarbacane / Starace

Le dessin n’est pas en reste, puisque l’auteur maîtrise son art avec un rendu très fort et vivace dans cette nature vue du sol, avec de belles pages vertes, car même quand la pourriture de la mort ou de la maladie s’en mêle, il reste cette teinte lumineuse qui fait malgré tout passer la vie. D’ailleurs, même cette impression de flou qui entoure les personnages comme un halo vient créer une impression de timidité à chacun d’eux, sauf quand un vieux religieux s’emporte, de naïveté ou de fragilité. C’est finalement cela qui reste jusqu’au bout,

Convaincant dans son message, cohérent dans son dessin, Être montagne est un album qui s’apprécie, montrant que dans l’anticipation, le point de vue peut tout remetrre en question et tout renouveler.