Les entretiens d’ aVoir aLire.
Le 1er mars 2011
A l’occasion de la sortie en salles de Sale temps pour les pêcheurs, le premier long-métrage d’Alvaro Brechner, retour sur l’expérience du cinéaste et de Gary Piquer, impresario fumeux à l’écran et acolyte hors-pair du réalisateur à l’écrit.
- Réalisateur : Alvaro Brechner
- Acteur : Gary Piquer
A l’occasion de la sortie en salles de Sale temps pour les pêcheurs, le premier long-métrage d’Alvaro Brechner, retour sur l’expérience du cinéaste et de Gary Piquer, impresario fumeux à l’écran et acolyte hors-pair du réalisateur à l’écrit.
àVoir àLire : Votre film est très fidèle à la nouvelle d’Onetti (mêmes personnages, structure, approche réaliste, etc.). Cette fidélité était-elle essentielle pour vous ?
Alvaro Brechner : Nous avons été très clairs dès que nous avons demandé à la veuve d’Onetti les droits pour l’adaptation : c’était impensable de faire un bon film si la fidélité était une contrainte. En soi, elle n’a aucune valeur. Dès que tu commences à faire une adaptation, c’est la même chose qu’une histoire que tu as vécue ou entendue, c’est à toi de la raconter avec tes émotions et tes expériences. Ce qui est important, en définitive, c’est d’être fidèle à ses impressions.
àVàL : D’où votre choix d’avoir modifié le titre de la nouvelle (Jacob et l’autre) ?
A. B. : Nous ne l’avons pas modifié, nous l’avons créé ! Dans une adaptation comme dans un scénario original, tu inventes toujours. Nous recherchions un titre qui évoque l’humour du film et Gary s’est souvenu de cette phrase de Thomas Füller (écrivain et historien anglais du XVIIe siècle, ndlr) : He who is not lucky, let him not go fishing... (celui qui n’est pas chanceux, mieux vaut qu’il n’aille pas pêcher). Pour moi, c’est exactement l’esprit du film, cette idée que la roue tourne, qu’on ne pourra jamais tout maîtriser.
àVàL : Onetti convoque des langages très différents (accent italien d’Orsini, pourtant d’origine espagnole, berceuse chantée en allemand, etc.). Êtes-vous attachés à ce cosmopolitisme ?
A. B. : Pour moi, c’est la chose la plus belle dans l’histoire d’Onetti. Les personnages sont des apatrides, ce sont tous les deux des étrangers. L’idée, c’était de réinventer notre propre histoire, d’en faire une histoire universelle. Je crois que les personnages sont nostalgiques de leur passé. Moi-même, j’ai une histoire compliquée : mes grands-parents sont européens, mes parents sont nés en Uruguay, j’habite en Espagne... et pour Gary c’est encore plus complexe !
àVàL : D’ailleurs, le casting est fidèle à cette diversité, puisque les acteurs sont issus de plusieurs horizons. Est-ce que le choix des comédiens, et notamment de Jouko Ahola, s’est imposé d’emblée ?
A. B. : On avait commencé à travailler ensemble, Gary et moi, mais ça a été difficile de trouver un acteur pour jouer le rôle de Jacob. Nous nous sommes rappelé le film d’Herzog, Invincible. C’était vraiment une chance d’avoir Jouko.
àVàL : Y a-t-il eu beaucoup de répétitions ? une part d’improvisation importante ?
Gary Piquer : Nous nous sommes retrouvés pour les répétitions deux semaines avant le début du tournage, afin de définir ce qu’on recherchait. ça nous a permis d’être clairs pour la suite. Jouko et les autres acteurs sont très à l’aise avec l’improvisation, mais ça n’est pas vraiment mon cas. J’ai besoin que les choses soient claires.
àVàL : Comment passe-t-on du documentaire à la fiction [sachant qu’Alvaro Brechner avait déjà trois courts-métrages à son actif] ?
Alvaro Brechner : Dans les deux cas, tu racontes une histoire. La seule différence c’est que, pour un film de fiction, tu es à peu près responsable de tout. Le documentaire laisse place à davantage de hasard. Je crois que ça revient à la question de la fidélité : dans un film de fiction tout est essentiel, mais tout peut être trahi. En tout cas, on se pose des questions jusqu’au dernier moment.
Propos recueillis à Paris le 10 février 2011
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cinetchitcha 15 février 2011
Entretien avec Alvaro Brechner et Gary Piquer
Entretien très sympathique avec deux personnes qui le sont tout autant ! J’ai eu le plaisir de discuter avec eux la semaine dernière lors d’uneavant première à Paris grâce au site touscoprod.com.
Outre le fait que le film soit très réussi et qu’il mérite largement d’être bien diffusé en France, c’est toujours agréable de rencontrer une équipe soudée et ultra motivée (distributeur, acteur, réalisateur...). J’invite donc tout le monde à regarder la bande annonce et à soutenir ce film indépendant !
Voir en ligne : Sale temps pour les pêcheurs sur touscoprod