Le 25 juillet 2024
Sans jamais oublier l’exigence formelle, Enterrement de vie de garçon laisse son spectateur hilare, et profondément touché.
- Acteurs : Pascale Arbillot, Thibault de Montalembert, Fary, Fadily Camara, Adib Alkhalidey, Guillermo Guiz, Jason Brokerss
- Genre : Comédie dramatique
- Durée : 4 x 22 mn
- VOD : Canal+
- Date télé : 25 juillet 2024 22:32
- Chaîne : Canal+
- Date de sortie : 14 février 2024
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Résumé : Un groupe d’amis se retrouve la veille de l’enterrement de l’un des leurs, mais les non-dits s’accumulent.
Critique : Une boîte de strip tease, voilà qui paraît impromptu pour célébrer la disparition d’un ami. Pourtant, c’est bien au milieu des danses sensuelles et des rythmes érotisant les corps que cinq potes (Fary, Adib Alkhalidey, Panayotis Pascot, Guillermo Guiz, Jason Brokerss) décident de s’arrêter, la veille de l’enterrement du frère de l’un d’entre eux. C’est là que les dynamiques qui jalonnent la mini-série s’installent, et que tout son brio éclate, dès ses premières joutes verbales, où le loufoque côtoie le poétique sans jamais laisser de côté la vraisemblance des échanges de fin de soirée qu’une bande de potes pourrait tenir. Dès ce premier arrêt dans une nuit qui n’aura de cesse de les surprendre, Alkhalidey et Pascot, réalisateurs de la série, donnent à comprendre l’enjeu principal de leurs quatre épisodes ramassés en un peu plus d’une heure vingt : l’irrationnelle difficulté à dire les choses les plus simples. Du secret familial inavouable à l’impossibilité, toute masculine, de confier son amour, la série démontre combien les dynamiques interpersonnelles reposent autant sur ce qui se dit, que ce qu’on évite soigneusement d’évoquer.
- Copyright Calt Story / CANAL+
Parmi les thèmes abordés, notamment le deuil et l’amitié, bien sûr, la série fait preuve d’une justesse rare pour disséquer les traits et les habitus masculins, bien souvent délétères. En tête de liste, l’incapacité à parler et une passion inexplicable pour l’affrontement, soulignée par la requête étonnante de Guillermo Guiz dans le premier épisode, qui souhaite se battre avec un inconnu, révélant ainsi ce que ce dernier avait enfoui et refusait de trop remuer.
Porté par une interprétation en tout point remarquable et d’une superbe dynamique de groupe, Enterrement de vie de garçon jouit de dialogues ciselés et généreux. Le caractère volubile et joliment excessif de notre bande de pote n’est là que pour souligner le contraste calamiteux entre la somme de ce qui se dit, et l’importance de ce qui est tu. La série parvient notamment à montrer comme la parole est un outil d’esquive imparable pour éviter l’inconfort d’une annonce, un cocon rassurant qui permet parfois de combler le vide. Le tout drapé d’un sens et d’un tempo comico-tragique imparable. On retrouve un peu des thèmes que porte Panayotis Pascot dans son spectacle et son superbe La prochaine fois que tu mordras la poussière, surtout dans le rapport au père et son incapacité à s’ouvrir, ce qui donne une jolie impression de continuité sans redite. La collaboration avec Adib Alkhalidey, terriblement talentueux, déjà auteur de trois one-man-show et par ailleurs musicien accompli, sonne comme une évidence.
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Le duo propose, il faut le souligner, un soin particulier à la mise en scène et à la lumière, conférant un écrin de qualité à une série qui aurait pu ne briller que par son écriture. Quelques choix de cadrages restent en mémoire, et la photo qui accentue les contrastes souligne parfaitement ces moments d’intensité. Un exemple frappant se situe en fin de troisième épisode, avec un dialogue en apparence tout simple entre Pascot et son père (l’impeccable Thibault de Montalembert), qui résume toute l’exigence du projet, et sa réussite.
Dans ce dialogue, le premier contraste réside dans la transition depuis la scène précédente, teintée d’une joyeuseté morbide, et dans la transition vers ce dialogue plus solennel, marquée par un piano faussement enlevé. Alors qu’entre eux se tient une vache que le père est en train de traire, lui qui ne tire rien de ce que son fils a à lui donner, les respirations de l’animal suivent l’intensité de l’échange. La pression monte, la lumière éclaire avec douceur les visages impassibles, et de cette rencontre ratée ne peuvent résulter que des larmes.
Enterrement de vie de garçon finit de convaincre dans un quatrième et dernier épisode drolatique – Guillermo Guiz est hilarant en policier épaté par son propre pouvoir – et diablement touchant, sachant conclure ses arabesque comiques avec une pointe de lyrisme et une jolie dose de sincérité, jamais tire-larmes.
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