Dans de beaux draps
Le 25 janvier 2009
Une chambre, un lit, un homme, une femme. Quand simplicité rime avec universalité, un sublime éloge de l’amour furtif par un jeune réalisateur prometteur.


- Réalisateur : Matias Bize
- Acteurs : Blanca Lewin, Gonzalo Valenzuela
- Genre : Drame
- Nationalité : Chilien
- Date de sortie : 28 mars 2007

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– Durée : 1h25mn
Une chambre, un lit, un homme, une femme. Quand simplicité rime avec universalité, un sublime éloge de l’amour furtif par un jeune réalisateur prometteur.
L’argument : Quelques heures après avoir fait connaissance, Bruno et Daniela décident de finir leur nuit dans une chambre d’hôtel. Ils ne savent rien l’un de l’autre, même pas leur prénom. Pensant que leur relation n’a pas d’avenir, ils vont échanger leurs vérités, leurs mensonges, leurs peurs, leur amour et leur haine.
Notre avis : Un film qui débute comme Hiroshima mon amour ne peut pas être mauvais. Comme dans le chef-d’œuvre de Resnais, le récit commence effectivement par une étreinte amoureuse filmée de très près. Un chaos charnel et sensoriel légèrement voilé par un drap blanc immaculé qui finit par s’ouvrir, telle une chrysalide, sur deux corps transis. Deux corps tout d’abord étrangers l’un à l’autre qui vont tenter de s’apprivoiser par le sexe et la parole. Deux corps au sein d’une bulle enchanteresse, un espace de liberté intemporel qui semble n’exister que pour eux : la chambre à coucher. Ce lieu, ils ne le quitteront pas de tout le film. Il sera le témoin de leurs ébats et de leurs débats, de leurs jouissances et de leurs frustrations, de leur compréhension mutuelle comme de leurs engueulades violentes.
Ce qui séduit le plus dans le deuxième long métrage du Chilien Matias Bize, outre le charme évident des deux protagonistes, c’est qu’il est hors de la réalité, surtout de celles des personnages qui vivent là un amour insulaire, détaché de leurs mondes, dans lequel tout est possible, la fuite en avant à deux comme le retour à la normale. Bien sûr c’est la deuxième option, inévitable, qui l’emporte. Mais ce que Bize met en valeur c’est l’intensité de l’instant, la passion aveugle qui, au hasard d’une rencontre, consume deux êtres nus, débarrassés des oripeaux de la société et lovés dans un Eden en apesanteur, comme si le monde s’était écroulé autour d’eux, avant de s’écraser à nouveau sur le sol de la raison. Entre l’ascension et la chute, les deux fugitifs auront eu le temps de vivre un amour en accéléré. Cet amour d’une nuit est-il moins important que celui d’une vie ? Le film prend la forme d’une sublime négation de cette question.