Elle cause plus... elle flingue - Michel Audiard - critique

Critique : Contrairement à ce que son titre laisse suppose, Elle cause plus... elle flingue n’est pas la suite du précédent film réalisé par Michel Audiard, grand succès qui conduisit le célèbre dialoguiste à persévérer dans la mise en scène. Ici, on a affaire à une fable délirante qui s’organise autour d’une sorte de cour des miracles dirigée par la baronne Rosemonde du Bois de la Faisanderie (Annie Girardot, fidèle à elle-même, énergique). Cette faune d’individus complètement allumés s’agrège volontiers autour d’une machine qui recycle tout ce qu’elle trouve : Audiard y envoie d’abord un pandore qui, benêt, se cogne le front avant de terminer en morceaux dans cette immense mécanique, frénétiquement secouée par des airs de samba et dont les rôts signifient la fin du processus de transformation. Un commissaire en roue libre (Bernard Blier, volontiers hurlant) vient enquêter sur la disparition du flic ("l’enquête a été confiée à un con, maintenant c’est moi qui drive"). L’apparition d’un beatnik, sorte d’ersatz de Jésus, évidemment en dehors des réalités, confirme qu’on a bien affaire à une satire où chacun en prend pour son grade, des ecclésiastiques aux forces de l’ordre. La narration complètement décousue, la mise en scène foutraque, les explosions successives, les répliques sans logique ("parle à mon colt, ma tête est malade") signent un immense délire. On imagine ce qu’un Jean-Pierre Mocky aurait pu faire d’une telle histoire. Mais là, c’est juste du grand n’importe quoi, où les personnages s’agitent frénétiquement, parce que personne ne les dirige. On n’est vraiment pas loin des nullités signées Philippe Clair dans les années 70, où chacun se déguisait sans barguigner, où Michel Galabru ne se contentait pas d’une apparition : ici, il faut le voir en cardinal avec une mitre. Enfin, non, en fait, il ne faut pas le voir. Ni lui, ni les autres, ni cette pochade grotesque, aux gags pachydermiques.