Le 28 février 2021
Le plus grand succès du réalisateur Michel Audiard est une comédie ringarde, aux effets lourdingues. Erreur de casting : le dialoguiste des Tontons Flingueurs était un metteur en scène plutôt nul.
- Réalisateur : Michel Audiard
- Acteurs : Bernard Blier, Mireille Darc, Annie Girardot, Jean-Pierre Darras, Sim
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Gaumont Distribution
- Durée : 1h25min
- Date télé : 24 juin 2020 20:55
- Chaîne : Paris Première
- Date de sortie : 17 avril 1970
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Résumé : Une femme de ménage travaille pour trois patrons différents. Tous ont quelque chose à se reprocher. Elle decide de les faire chanter afin d’arrondir ses fins de mois...
Critique : La troisième réalisation de Michel Audiard est aussi son plus grand succès. Mais on ne peut pas dire que cette comédie est restée dans les annales du genre, parce que le célèbre dialoguiste et scénariste s’avère encore ici un indigent metteur en scène, dont la direction d’acteurs laisse franchement à désirer, pour ne pas dire pire, les effets visuels, franchement lourdingues, ne rehaussant pas le niveau général de cette ringardise vintage.
Autour d’une femme de ménage gouailleuse qu’incarne l’énergique Annie Girardot, gravite une galerie de personnages pittoresques qui offrent l’opportunité de quelques satires faciles : ainsi, le caissier principal que joue Jean Le Poulain est d’une rigidité prévisible, totalement caricaturale, qui engendre une scène franchement gênante tant elle est mal dirigée. Tout est à l’avenant, plus proche de films de copains (Blier, Carmet), avec des jeunes valeurs sûres (Mireille Darc) qui endossent des rôles franchement stéréotypés (surtout l’animatrice confessionnelle de la télévision, nunuche à la ville).
En vérité, cette troisième tentative montre qu’Audiard s’est trompé de vocation : son truc, ce n’est pas l’image, mais les mots, qui s’agrègent en récit autobiographique, tandis que la pauvre Germaine raconte sa vie, elle qui enchaîne les ménages dans des univers fort différents. La gouaille parisienne, les formules audiardiennes, tout cela aurait sa place dans un roman populiste à la René Fallet. D’ailleurs, les clins d’œil à la littérature se repèrent jusque dans le nom d’une rue ("Louis-Ferdinand Céline", un des modèles du réalisateur) ou d’un troquet ("Le Triolet").
On sourit quelques minutes à quelques attaques bien senties (un discours de première classe pour l’enterrement du général De Gaulle).
Mais bien qu’on puisse - éventuellement - apprécier la verve souvent métaphorique d’Audiard ("le vernis craque, c’est le retour au ruisseau"), on trouvera tout de même cette histoire de chantage généralisée bien légère, d’autant que les scènes outrancières prennent bientôt le pas sur l’histoire (Sim en libellule, les gifles d’un mari jaloux).
En tout cas, ce mince filet scénaristique ne configure pas un long métrage qui tient la route. A la fin, Germaine finira à Monte-Carlo dont elle a toujours rêvé. Mais le spectateur aura depuis longtemps décroché devant cette nullité artistique.
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