Le 12 avril 2025


- Scénariste : Fabien Nury>
- Dessinateur : Brüno
- Genre : Thriller, Polar
- Editeur : Glénat
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 2 avril 2025
Premier volume d’un thriller très prometteur, construit autour d’un écrivain et de son manuscrit révolutionnaire, qui ferait tomber les hommes dans la folie…
Résumé : Dans le Los Angeles de l’immédiat après-guerre, l’agent littéraire Morris Millman déambule dans les rayons d’un magasin de comics lorsqu’il croise Wilbur Arbogast, auteur prolifique qui a officié dans les années 1930 dans le magazine Outstanding. Mais en 1949, Arbogast est un vétéran blessé au combat et, surtout, un écrivain has been qui vit dans une roulotte. Morris Millman rêve de remettre cet auteur qu’il admire sur le devant de la scène. Si Arbogast n’écrit plus vraiment, il possède un manucrit : There is no world. Mais attention, prévient l’écrivain, cet écrit comporte des révélations si profondes qu’il rend fou ses lecteurs. Intrigué et soutenu dans sa démarche par son épouse, Morris réclame le manuscrit et, avant même de l’avoir lu, contacte des producteurs pour une adaptation au cinéma de ce « récit qui rend fou ». Avec cette initiative, Morris réveille chez Arbogast le sentiment de toute-puissance de l’écrivain-démiurge. Car ce n’est pas seulement un livre qu’Arbogast veut publier : avec celui-ci, il veut fonder une nouvelle religion…
Critique : Après Tyler Cross, le duo formé par Fabien Nury (scénario) et Brüno (dessin) revient pour notre plus grand plaisir avec le premier tome de ce polar fantastique qui rend hommage aux pulps et à la culture populaire de l’après-guerre. Pour ce faire, ils mettent en scène un écrivain-démiurge qui, par l’intermédiaire de ses livres, se rêve en gourou. On pense immédiatement à Lafayette Ronald Hubbard (1911-1986), écrivain de science-fiction (plutôt médiocre) et inventeur de la scientologie, qui se construit autour de la « dianétique », une technique de développement personnel. Nury et Brunö s’inspirent de ce modèle pour faire d’Arbogast l’inventeur de la « psychogénie », qui mélange psychanalyse et hypnose. Cette pseudo-science amène Arbogast à manipuler les personnes suffisamment crédules pour croire en ses dires. Sa première « victime » : Morris Millman, agent littéraire et amateur de ses nouvelles de science-fiction, ainsi que son épouse, qui est fascinée par la lecture de l’essai d’Arbogast. En mettant le pied à l’étrier de cet écrivain fou, Morris Millman ouvre une véritable boîte de Pandore…
- Fabien Nury, Brüno / Glénat
En 80 pages, Electric Miles pose de façon efficace ses personnages et l’atmosphère fantastique du récit – la scène avec le chien des Millman, qui justifie le choix de la couverture, est à cet égard remarquable – et ménage son suspens, avec son cliffhanger digne des meilleures séries Netflix. Le dessin de Brüno, qui se fonde sur un trait épais et des aplats de couleurs, nous ramène dans le Los Angeles de l’après-guerre. Le dessinateur insère quelques scènes qui nous font basculer dans l’étrange, et qui rendent un vif hommage à cette culture pulp dont les auteurs se sont nourris pour construire leur récit. Les fausses couvertures d’Outstanding qui présentent les récits d’Arbogast de l’entre-deux-guerres prolongent le plaisir visuel et renforcent l’étrange impression d’être à la lisière entre la réalité et la fiction.
Riche en promesses, ce premier volume d’Electric Miles nous laisse à penser que Nury et Brüno en ont sous la pédale et sont à l’orée d’une nouvelle grande saga.
- Fabien Nury, Brüno / Glénat
104 pages – 20,50 €