Vipère au poing
Le 24 février 2024
Le thème difficile de l’enfance maltraitée abordé sans artifice.
- Réalisateur : Achero Mañas
- Acteurs : Juan José Ballesta , Pablo Galan, Alberto Jiménez
- Genre : Drame, Teen movie
- Nationalité : Espagnol
- Distributeur : Les Films du Whippet, Les Films du Safran
- Durée : 1h23mn
- Reprise: 13 mars 2024
- Date de sortie : 30 avril 2003
– Reprise en version restaurée : 13 mars 2024
– Année de production : 2000
Résumé : Pablo est un jeune collégien de douze ans, calme, est apparemment sans histoires et attaché à son talisman, une bille d’acier. Mais quels terribles secrets le poussent à éviter la compagnie de ses camarades de classe sauf pour partager avec eux des jeux dangereux ? L’arrivée d’un nouvel élève va bousculer son quotidien sombre. Va-t-il, grâce à lui, échapper aux lourds fardeaux qui pèsent sur ses jeunes épaules ?
Critique : El Bola est le premier long métrage du réalisateur Achero Mañas, déjà remarqué pour ses courts dont Chasseurs, Goya 1998 (équivalents espagnols de nos César). À travers les péripéties d’un jeune adolescent, l’auteur aborde sans artifice un thème difficile : l’enfance maltraitée.
Pablo, douze ans ans, c’est "la boule", car il tripote tout le temps son porte-bonheur, un petit calot de métal. Issu d’un milieu prolétaire, fermé et traditionnel, Pablo n’a rien des autres garçons de son âge. Il a le regard dur, celui des enfants qui ont grandi trop vite. L’arrivée dans sa classe d’Alfredo, un nouvel élève, va changer sa vie. Chez cet ami, Pablo découvre une famille ouverte, dans laquelle l’amour et l’écoute prédominent. Il va alors trouver la force d’affronter sa condition et de révéler son terrible secret : l’horreur des mauvais traitements infligés par son père.
D’un sujet qu’il connaît bien, la violence perpétrée sur les enfants, Achero Mañas tire un film poignant et profondément humain. Le cinéaste utilise la caméra comme un simple témoin oculaire qui ne fait que suivre les événements dramatiques, de manière naturelle, au prix parfois, de mouvements brusques, étranges et maladroits. Un réalisme proche du documentaire qui donne au film un ton juste et authentique. Intelligemment, Mañas évite le piège du voyeurisme en suggérant le plus possible la violence de certaines scènes (comme la vision d’un sidaïque en phase terminale ou les coups portés sur Pablo par son géniteur). La mort est omniprésente, tant dans les propos des deux ados que dans le danger de leur jeu (récupérer un objet sur les rails au passage d’un train). Chacun la regarde différemment. Alfredo pense être immortel tandis que Pablo, lui, la sent chaque jour plus proche.
Le constat de l’auteur est sans appel : nous sommes impuissants face à la violence parentale. Pourtant, les victimes sont facilement repérables. Pablo en porte tous les stigmates. Isolé, marginalisé, craintif. Quand il sourit, le prometteur Juan José Ballesta (Goya de la révélation de l’année 2001) donne envie de pleurer, et quand il pleure, on veut mourir. À travers la famille d’Alfredo, Mañas cherche à interpeller le spectateur en posant une question simple : comment devons-nous réagir face à la violence systématique de certains parents sur leurs progénitures ? "De quoi meurt cet enfant ? Dût la réponse troubler, il meurt aussi de nos silences", écrit André Glucksmann. Le mérite de Mañas est sans conteste de briser l’omerta.
Cour d’œil : Bien que ce film ait reçu de nombreuses récompenses à travers le monde (quatre Goyas 2001, prix OCIC du festival de San Sebastian, prix de la découverte européenne aux European Film Awards), il aura fallu attendre deux ans pour le voir distribué en France par les Films du Safran. Un grand merci à eux.
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missapi 30 octobre 2004
El Bola - Achero Mañas - critique
j’ai beaucoup aimé ce film, d’une part pour son histoire très touchante puis d’autre part pour la naissance d’une amitié authentique entre deux jeunes garçons.
cette histoire ma énormément touché, au début elle reste banale et plus on avance dans le film et plus la dramatisation va crescendo.
Voir en ligne : http://elbola.fr