Du bout des doigts – Cyril Bonin - la chronique BD

Critique : Cyril Bonin nous a concocté une BD qui part dans plusieurs directions pour mieux nous surprendre. Cette réflexion sur l’art devient vite un questionnement sur le bonheur. Saurait-on l’accepter ? Sommes-nous prêt pour le bonheur ? N’y a-t-il pas un chemin à faire pour le décrocher ? Il ne s’agit pourtant pas d’une BD philosophique, mais bien d’une fiction se déroulant dans les années soixante. Paul trace son chemin comme peintre, il tombe amoureux, doit faire des choix, s’accrocher à ses rêves, survivre à ses désillusions, composer avec le destin. Bref, c’est un carrefour de vie, où l’on croise de nombreux personnages attachants. De Nanette, la vieille maman qui veut se suicider, à ce vieux copain qui ne jure que par Marcel Duchamp, ces seconds rôles ont le mérite de rester dans nos mémoires après lecture de la BD. Ils apportent ces petites touches de bonheur et d’inattendu dans ce récit, tenu par Paul et Mathilde. Une histoire simple qui nous entraîne au côté de ses personnages, un récit surprenant qui flirte avec différents genres et un dessin aux couleurs douces.

Cyril Bonin / Grand Angle

En effet, Cyril Bonin maîtrise autant la plume que les pinceaux. Il nous offre un graphisme tout en légèreté, que ce soit par le trait crayonné qui effleure la feuille, ce travail des hachures tout en douceur qui marque les volumes ou encore par ces couleurs légères et vives en même temps qui créent une ambiance douce, même dans le drame.

La composition et la mise en scène se centrent sur les personnages, des gros plans, des regards, des cadrages qui se resserrent au fil des discussions. Autant d’éléments qui nous gardent immergés tout au long de la BD.

Du bout des doigts est une belle surprise, une histoire sans prétention, qui nous rappelle que le bonheur est précieux, même si on ne sait pas toujours comment le vivre.