On ne choisit ni sa famille ni son président
Le 2 octobre 2018
Quand une famille se réunit et que la tension monte, on attend que les choses explosent... ce qui n’arrive pas ici. Quand bien même cette frustration est une allégorie de la présidence Lula, l’on en ressort avec un sentiment amer, celui d’avoir quelque peu perdu son temps.
- Réalisateur : Fellipe Barbosa
- Acteurs : Itala Nandi, Camila Morgado, Augusto Madeira, Martha Nowill
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Brésilien
- Distributeur : Condor Distribution
- Durée : 1h34mn
- Date de sortie : 10 octobre 2018
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Résumé : Au sud du Brésil, Laura, matriarche d’une famille de la haute bourgeoisie, retrouve les siens dans leur maison de campagne, pour un repas dominical. Mais en ce jour d’investiture du président Lula, rien ne se passe comme prévu. Comme en écho à ce séisme politique, tout semble se dérégler dans la propriété : les domestiques renâclent, la maison se délabre à vue d’œil, et les névroses et secrets de trois générations menacent de tout emporter.
Notre avis : Le 27 octobre 2002, le Brésil bascule. Pour la première fois de l’histoire du pays, un homme politique de gauche est élu à la présidence. Seize ans plus tard, et alors que l’ancien président socialiste tarit désormais en prison, Fellipe Barbosa s’est imaginé comment une famille de bourgeois a pu réagir en apprenant cette information. Evidemment, pour cela, il lui fallait commencer par trouver un prétexte pour réunir cette famille qui risquait de voir leur toute-puissance remise en question. C’est donc l’anniversaire de l’une des petites-filles de la matriarche qui lui sert de point de départ, et, sans grande surprise, le repas qui va s’en suivre ne va pas bien se passer. Le synopsis n’a donc d’original que son argument politique, qui pourtant va vite se retrouver reléguer au rang de contexte sous-exploité. Le scénariste Lucas Paraizo n’hésite pas à admettre qu’il a eu pour principale influence le cinéma de Luis Buñuel. Ce n’est donc pas par hasard si l’on pense automatiquement au Charme Discret de la Bourgeoisie et à L’ange Exterminateur en voyant la caractérisation très marquée des personnages et les conflits qui en naissent, et en particulier la façon dont leurs bonnes mœurs de façade se retrouvent vite rattrapées par leurs adultères respectifs.
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Dès lors que l’on a saisi vers quelle direction semble se diriger le scénario, et que le taux de phéromones augmente peu à peu dans cette maison de famille, nous sommes en droit d’en attendre que, à défaut de véritable farce politique, il puisse se transformer en marivaudage, comme on les aime tant en France. Et pourtant, même lorsque la météo oblige tous les personnages à se mettre à l’abri dans les chambres et que deviner qui va coucher avec qui devient l’unique enjeu, l’humour ne prend jamais le pas sur le trouble qui règne depuis le début. En fin de compte, la vacuité idéologique qui pèse sur la quasi-totalité des conversations familiales en vient à être le principal élément pamphlétaire, tant il permet de saisir à quel point cette classe dominante a fini par se détacher de la vie politique de son pays. Cette façon de dénoncer le désœuvrement vers lequel a pu les mener leur existence superficielle rappelle finalement surtout le cinéma de Sofia Coppola, la part poético-pop en moins.
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Les plans-séquences qui composent chaque scène assimilent la réalisation à une succession de tableaux. Il est néanmoins inutile de chercher à y voir des allégories de la situation politique, qui était pourtant le point de départ du scénario. Celle-ci n’apparaîtra finalement que dans les dernières minutes, lorsque la servante coupe l’électricité et nous laisse alors entrapercevoir les velléités de lutte des classes qui animait le pays, et plus encore dans la scène finale, qui laisse supposer que, quelques mois plus tard, la situation n’a pas changé. Il aura donc fallu une heure et demie pour saisir que tout ceci n’aura servi à rien, aussi bien en termes de révolution sociale que de film. Un beau gâchis.
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