Elles veulent jouer avec vous
Le 15 juin 2014
Stuart Gordon met en scène un conte pour adultes hanté par des poupées tueuses. Efficace.
- Réalisateur : Stuart Gordon
- Acteurs : Ian Patrick Williams, Carolyn Purdy-Gordon, Carrie Lorraine, Guy Rolfe, Hilary Mason
- Genre : Épouvante-horreur, Comédie horrifique
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h17mn
- Date de sortie : 29 avril 1987
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Stuart Gordon met en scène un conte pour adultes hanté par des poupées tueuses. Efficace.
L’argument :Sur la route des vacances, David Bower, sa future épouse Rosemary et sa fille Judy sont surpris par un violent orage, qui les contraint à s’arrêter sur le bord de la route. Ils trouvent refuge dans une maison aux murs décrépits où vit un couple de vieillards, collectionneurs de poupées. Pendant la nuit, les hôtes dévoilent leur vraie nature et entreprennent de châtier ceux de leurs invités qui ont perdu leur âme d’enfant...
Notre avis : Dolls (1987) a été produit par Empire pictures, la boîte de production indépendante du prolifique Charles Band. Il s’agit surtout d’un film de Stuart Gordon, auteur des excellentes adaptations de Lovecraft, Re animator et From beyond, et plus grande révélation de ce mini studio spécialisé dans la série B de science-fiction et de fantastique.
Mais Dolls est aussi l’histoire d’un compromis. Son scénariste souhaitait rendre hommage aux films d’horreur d’antan. Charles Band voulait quant à lui orienter l’histoire de poupées tueuses vers le gore, à la façon de Re-animator, alors que Stuart Gordon entretenait l’idée d’un conte plus traditionnel pour adultes. Le résultat de ces trois influences est une oeuvre à plusieurs facettes, qui dépasse aisément le statut de simple série B horrifique.
Dans Dolls, on suit d’une part une famille recomposée avec deux parents et une enfant de sept ans, Judy, et d’autre part deux adolescentes rebelles, au look punk de la Madonna des années 80, prises en auto-stop par un jeune adulte, Ralph. Tous ont été piégés par un orage et vont se réfugier dans un manoir qui va servir essentiellement de décor au film, évoquant l’oeuvre de Agatha Christie. Il est intéressant de savoir que par souci d’économie, Charles Band, roi de la débrouille, a utilisé les décors de From beyond, en Italie, autre film mis en scène parallèlement par Stuart Gordon, mais qui sortira quelques mois plus tôt.
Le fameux manoir, qui fait clairement référence aux classiques du genre de par son ambiance gothique, est tenu par deux personnes âgées, faussement avenantes, qui collectionnent de nombreuses poupées. Ce refuge est évidemment fatal car les poupées s’animent et sont bien décidées à trucider les intrus. Le piège se referme progressivement sur ces adultes qui n’imaginent pas le danger que représentent ces jouets d’un autre temps, loin de la percée des jeux électroniques, à la mode dans les années 80.
Le réalisateur Stuart Gordon fait preuve dans son film d’un humour bienvenu. Cela lui permet par exemple de critiquer de façon amusante le comportement de mégère de la belle-mère de cette famille recomposée, digne d’un récit de Perrault, interprétée par Carolyn Purdy-Gordon, l’épouse du cinéaste, aussi vue en médecin dans Re-animator et From Beyond. Le sort funeste qui lui est réservé reste un véritable régal pour le spectateur. Il en sera de même pour l’ensemble des mises à mort, aussi variées et originales soient-elles, elles demeurent toutes caractérisés par une bonne dose d’humour létal.
Au-delà de l’aspect comédie horrifique, Dolls s’avère être à la hauteur du conte pour adultes que souhaitait réaliser Stuart Gordon. Les personnages sont des artefacts de ce type de récit et l’on y retrouve la morale propre à ces histoires pour bambins, puisque seuls les adultes ayant gardé leur âme d’enfant peuvent repartir vivants.
Près de 30 ans après sa sortie, le film distille toujours un charme imparable, notamment grâce à une mise en scène soignée, utilisant les décors avec efficacité. Le tout est bien ficelé et ne pèche jamais par le rythme, alors que la durée se conforme à la taille resserré du conte : Dolls ne dure que 77 minutes, générique de fin compris.
Si ce film n’est pas le plus connu de son auteur (malgré son succès en VHS dans les années 80 et même une distribution en salle, il a été quelque peu oublié), il n’en demeure pas moins un valeureux hommage au fantastique à l’ancienne, empreint d’une nostalgie de l’artisanal salvatrice en pleine ère de l’électronique roi. Si Gordon envisagea une suite, c’est sous la forme de la série des Puppet Master, toujours produit par Charles Band, que l’exploitation des poupées animées se poursuivit.
Incontestablement, Dolls, qui est largement supérieur à la franchise increvable des Puppet Master, mérite d’être (re)découvert.
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