Exotiquement rocambolesque
Le 15 août 2019
Une série originale Netflix libanaise, qui enchaîne des situations invraisemblables et rocambolesques. Mais on se surprend à en redemander…
- Réalisateur : Samer Al-Barkawi
- Acteurs : Adel Karam, Amel Bouchoucha
- Genre : Comédie
- Nationalité : Libanais
- : Netflix
- Durée : 15 épisodes de 39 à 43 minutes
- VOD : NETFLIX
- Titre original : Dollar
- Date de sortie : 8 août 2019
- Plus d'informations : Dollar
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Résumé : Zeina, une séduisante assistante de direction, s’associe à contrecœur à Tarek, un homme plutôt sûr de lui, pour traquer un billet d’un dollar qui en vaut un million.
Notre avis : Netflix, dans sa conquête mondiale, ne met plus ses œufs dans le même panier et sort plus que jamais le carnet de chèques, pour produire au-delà des terres d’Oncle Sam ou de sa Majesté, comme en témoignent La Casa de Papel (Espagne), Yankee (Mexique), Dark (Allemagne), Typrewiter (Inde), notre bien français Family Business ou Sintonia (Brésil), pour ne citer que les sorties récentes. Netflix est très présent au Moyen-Orient et après Jinn, première mini-série fantastique tournée en arabe, le diffuseur propose depuis le 8 août Dollar, (coproduit avec Cedars Art Production), écrit par Hisham Hilal et réalisé par Samer Al-Barkawi.
Sur fond de « We Wish You a Merry Christmas », le premier épisode s’ouvre sur un plan aérien de Beyrouth, le soir de Noël. Une animatrice de la télévision nationale reçoit le patron de SBH Bank qui, à l’occasion de l’ouverture d’une nouvelle succursale, révèle le secret de leur mystérieuse campagne de pub : SBH a mis en circulation un billet d’un dollar et la personne ayant ce billet, avec le numéro qui vient juste d’être révélé, va gagner… « Ah ? une personne semble avoir le billet, elle est en ligne, nous la prenons… ». Cut. Flashback. Tarek, brillant publicitaire, propose au boss de la SBH de mettre en circulation un billet d’un dollar, dont on aura noté le numéro, et de l’annoncer à la télé, le soir de Noël, pour permettre à son heureux possesseur de gagner un prix. Le PDG, emballé par l’idée, propose un million de dollars, sûr qu’on va parler de SBH après ce coup ! Et Tarek, tel un Don Draper du Levant, trouve immédiatement le slogan : « votre dollar, vaut un million » ! Pendant ce temps, Zeina, l’assistante du PDG, qui vit une histoire de cœur compliquée, envoie un selfie à son « amoureux ». Tarek reparti, Zeina est appelée par le PDG, qui lui demande si elle n’a pas un dollar. Justement, il y en a un qui traîne sur son bureau, tombé de son sac, lorsqu’elle a pris son smartphone pour son selfie.
- Oui, pourquoi ?
- Alors, appelle-moi Tuco… »
- spip-slider
- Copyright Netflix
Le lendemain matin, Zeina a vent de l’opération, « votre dollar, vaut un million », et songe de nouveau à la demande de son patron. Elle pense aussi à son selfie, l’ouvre sur son smartphone, zoome, voit le dollar derrière elle sur son bureau… et son numéro ! Curieusement son patron qui, habituellement, arrive avec sa voiture, est cette fois venu en taxi. Nom d’un narguilé ! À coup sûr, il a payé le taxi avec le fameux dollar. Vous voyez venir la suite ? Oui, Zeina retrouve le taxi, mais débarque trop tard : Tarek est déjà avec le chauffeur à lui racheter ses dollars de la journée. Sauf que Zeina connaît le numéro, et le dollar n’y est pas. Zeina et Tarek concluent un pacte et partent ensemble à sa recherche.
La mécanique de chaque épisode est alors posée : par des concours de circonstances qui sont de plus en plus invraisemblables, Zeina et Tarek retrouvent la personne propriétaire de ce fichu dollar et inventent les stratagèmes les plus fumeux pour s’en emparer. Et si les premiers détenteurs du billet sont ordinaires (un chauffeur de taxi ou un marchand de boissons), plus on avance, plus ils tombent sur des gens surprenants, étranges ou dangereux, et dans des univers les plus variés.
Dollar déroute au début, mais au fil des épisodes se laisse voir avec une étrange nostalgie, celle d’un cinéma à la de Broca ou Zidi, fait d’histoires aussi abracadabrantes, émaillée de poursuites avec Jean-Paul Belmondo ou Pierre Richard. Sauf que nous ne sommes pas dans la France « paisible » des années Pompidou ou Giscard, mais dans un Liban qui, malgré une stabilité retrouvée, doit composer avec l’afflux de réfugiés syriens, ses communautés palestiniennes, ses multiples religions et une paix toujours pas signée avec Israël. Nos deux personnages vivent dans les beaux quartiers de Beyrouth, évoluent dans le monde des affaires et la vie du Libanais lambda n’est pas vraiment à l’image du T-shirt Balmain à 300 € que porte Zeina. Si certains épisodes sont de pures comédies gentiment délirantes, d’autres mettent le doigt sur des cas plus complexes, où nos héros agissent finalement en Bons Samaritains. Tout en gardant le cynisme de leur quête frénétique.
- Ils ont fumé quoi ? »
- Copyright Netflix
Dollar déroute ainsi, à la fois par le rocambolesque sans borne de son scénario, son « exotisme » et sa réalisation. Si parfois cela frise avec du AB Productions des années 90, qui répond probablement à des « critères » du marché (on avoue n’être pas assez calés en télévision du Levant, mais voir certains en faire des caisses ou jouer aussi mal, est assez « fascinant »), le rythme est mené au pas de charge (comme chez de Broca ou Zidi, donc). Et si les scénaristes oublient parfois des explications sur la façon dont nos chasseurs ont retrouvé le nouveau « propriétaire » du dollar, on finit par les pardonner, et on se surprend à en redemander, et gloutonner chaque épisode comme un baklavas accompagné d’un thé à la menthe.
Si Amel Bouchoucha, ex-finaliste de Star Academy Arab World, dans les tenues parfois bling bling de Zeina a un jeu assez inégal, en revanche, Adel Karam, à la fois artiste de stand up et comédien dramatique vu dans L’Insulte de Ziad Doueiri (nommé en 2018 aux Oscar du meilleur film en langue étrangère) est un excellent Tarek.
- Heu… ? »
- Copyright Netflix
Enfin, comme nous savons dès le premier épisode que le dollar a été retrouvé, le final laisse, contre toute attente, la porte ouverte à une suite. On n’en dira pas plus. En fait, non, on va spoiler un élément : de grâce, ne regardez pas le générique ! Déjà, il dure trois minutes et demi (on a eu la flemme de vérifier s’il y a une catégorie dans le Guinness) et outre son design vaguement 70’s, il enchaîne un succession d’images extraites de tous les épisodes jusqu’au final. Autrement dit, Dollar invente le générique qui spoile presque tout ! Bref, zappez ! Le générique, mais pas la série, histoire de passer quelques soirées détente, sans trop vous poser de questions.
PS : non, pas de bande-annonce car, comme le générique, elle montre trop d’informations.
PPS : le « interdit au moins de 16 ans » est le critère de Netflix. Pour notre part, nous n’aurions pas été aussi sévères.
- Copyright Netflix
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