Le 30 juillet 2021
Un biopic académique pour retracer un épisode clé de la vie du premier « guitare hero »
- Réalisateur : Étienne Comar
- Acteurs : Cécile de France, Alex Brendemühl, Patrick Mille, Xavier Beauvois, Reda Kateb, Bea Palya, Bimbam Merstein, Gabriel Mirété
- Genre : Biopic, Musical
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pathé Distribution
- Durée : 1h55mn
- Date télé : 12 octobre 2024 21:00
- Chaîne : France 4
- Date de sortie : 26 avril 2017
- Festival : Luxembourg City Film Festival, Festival de Berlin 2017
Résumé : À Paris en 1943, sous l’Occupation, le musicien Django Reinhardt est au sommet de son art. Guitariste génial et insouciant, au swing aérien, il triomphe dans les grandes salles de spectacle alors qu’en Europe ses frères tziganes sont persécutés. Ses affaires se gâtent lorsque la propagande nazie veut l’envoyer jouer en Allemagne pour une série de concerts.
Critique : Après l’indélicat À bras ouverts et sa vision contestable de la culture des gens du voyage, Django, consacré à l’un de leurs plus éminents membres, apparaît comme une bouffée d’air pur. Le réalisateur Etienne Comar est surtout connu comme producteur et scénariste. Ayant expérimenté personnellement l’adage qui prétend que « la musique adoucit les mœurs », pour sa première fois derrière la caméra, il a souhaité faire le portrait d’un musicien dans la tourmente. Il choisit l’un des guitaristes les plus influents de l’histoire du jazz, le grand Django Reinhardt, Tzigane issu des terrains vagues de la zone parisienne et concentre son récit sur les années d’Occupation, de manière à démontrer cette faculté qu’a la musique de vous extraire du monde. Entre tragédie et sérénité, la première scène située dans une forêt des Ardennes rassemble une famille de Tziganes, dont un musicien aveugle qui ne veut pas entendre le bruit qui se rapproche, au point d’y laisser sa vie.
- Copyright Roger Arpajou
Au cœur de ces années 40, Django est alors au summum de son succès, le swing est officiellement banni par les autorités allemandes, les Tziganes sont persécutés dans toute l’Europe mais lui ne semble rien voir. Un peu par égoïsme certes mais surtout parce qu’il est tout entier tourné vers son art. Les séquences musicales très réussies nous persuadent sans difficulté de la force avec laquelle Django vit sa musique et de sa capacité à nous communiquer sa passion. La prestation de Reda Kateb, qui a appris à jouer de la guitare pendant un an, et semble totalement habité lors de ces incroyables scènes de concert, insuffle toute son humanité à ce personnage en demi-ton, ce « doux-fauve » comme le surnommait Jean Cocteau. Tantôt nonchalant, tantôt bondissant mais toujours charmeur et charismatique, le roi du jazz manouche vit entouré de femmes. Si Cécile de France use de toutes les facettes de son talent pour donner corps à ce personnage complexe de femme ambiguë, c’est bien Bimbam Merstein, dans la peau de Negros, la mère de Django, qui capte toute l’attention. Actrice non professionnelle déjà présente dans Swing de Tony Gatlif, ce petit bout de femme à la personnalité bien marquée est criante de vérité.
À l’instar de Django qui considère que la guerre n’est pas son affaire mais plutôt celle des « Gadjé » (les non-Tziganes), le réalisateur nous fait grâce d’une reconstitution historique de cette période 39-45 trop souvent abordée au cinéma. Toutefois, il est impossible d’ignorer les bombardements et encore bien plus l’intensification des rafles qui obligent Django et sa famille à s’exiler à Thonon-Les-Bains, dans l’espoir de pouvoir gagner la Suisse tout prochainement. Malgré cette tension qui s’accentue, le récit reste linéaire et la réalisation sans panache continue à ronronner dans une totale indifférence, laissant au spectateur la frustrante sensation d’être abandonné au bord de l’action.
- Copyright Roger Arpajou
Seul le final nous accordera une émotion portée à son comble grâce à l’interprétation du « Requiem pour mes frères Tziganes ». Cette partition désormais perdue est jouée une seule fois à la libération à la mémoire de tous les Tziganes assassinés durant la deuxième guerre mondiale. L’affichage de la photo de chacun de ces malheureux sacrifiés rappelle que la persécution des minorités et des apatrides qui n’ont nulle part où aller se poursuit inexorablement. Aujourd’hui autant qu’hier.
– Film d’ouverture 67e Berlinale
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
michnic 24 mai 2017
Django - Étienne Comar - critique
J’ai été vraiment déçu. Bien sûr le contexte historique est réel mais tellement mal retranscrit ! Toutes ces invraisemblances et incohérences mettent le film à plat :
– Reda Kateb trompe sa femme, on se dit bon, ça doit pas bien aller entre eux, mais non : ça va très bien et ils s’aiment. Pourquoi couche-il avec Cecile de France ? On ne saura jamais.
– des sentinelles de l’armée allemande quittent leur poste pour venir observer une soirée musicale à travers les fenêtres. N’importe quoi !
– des tziganes finissent par amadouer des nazis et leurs amis avec du jazz. Mais bien sûr...
– un civil français s’en prend à un soldat allemand qui drague sa copine. Ben pardi !
– la maîtresse d’un tzigane se met à la colle avec un officier pour servir leur cause et organiser leur évasion, sinon des attentats de résistants. Et puis quoi encore ?
Le film est truffé de ces inepties récurrentes où tout est surfait, et mal fait.
Dommage car Reda Kateb est vraiment à son aise, surtout avec sa guitare.Quand on pense le boulot qu’il a dû endurer et le mal qu’il s’est donné... Tout ça pour ça....J’ai de la peine pour lui.