Le 12 avril 2022
Un tempo moderato et un casting au diapason composent cette sonate délicate qui aurait gagné à s’étoffer de quelques notes supplémentaires de lyrisme.
- Réalisateur : Étienne Comar
- Acteurs : Agnès Jaoui, Hafsia Herzi, Alex Lutz, Veerle Baetens, Marie Berto, Fatima Berrah, Anna Nadjer
- Genre : Comédie, Musical
- Nationalité : Français
- Distributeur : Ad Vitam
- Durée : 1h46mn
- Date télé : 12 avril 2024 21:00
- Chaîne : OCS Max
- Date de sortie : 13 avril 2022
- Festival : Festival du film de Mons 2022
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Luc est un chanteur lyrique renommé. En pleine crise personnelle, il accepte d’animer un atelier de chant dans un centre de détention pour femmes. Il se trouve vite confronté aux tempéraments difficiles des détenues.
Critique : À l’évocation de ce nouveau film qui incite des détenus à s’initier à l’art , il est impossible de ne pas penser au tout récent Un triomphe. Là où Emmanuel Courcol permettait à un acteur déchu de trouver un nouveau souffle grâce à l’animation d’un atelier théâtre auprès de prisonniers, Étienne Comar, qui déjà dans Django nous faisait partager son univers musical, fait sien ce proverbe populaire qui dit que « la musique adoucit les mœurs ». Ici, un chanteur lyrique en panne de voix suite à un traumatisme familial propose ses services à un groupe de prisonnières. Le but étant, dans tous les cas, de souligner la puissance libératrice, pour les uns comme les autres, liée à toute pratique artistique.
- Copyright Charles Paulicevich
Après avoir dû déposer à l’accueil son métronome soudain considéré comme une arme potentielle et avoir franchi plusieurs portes fermées, Luc (Alex Lutz), accompagnée d’une surveillante pénitentiaire, pénètre dans une salle impersonnelle dont les murs nus et blancs renvoient à une immédiate sensation de réclusion encore renforcée par le choix du format 1.33. Il y rencontre pour la première fois ces femmes à qui il a décidé de venir en aide en leur transmettant le plaisir de ce chant lyrique qui irrigue sa vie depuis toujours. La fonctionnaire le met en garde. Il aura fort à faire. Bien loin du monde lissé dans lequel il a l’habitude d’évoluer, il risque ici de se trouver face à des meurtrières, d’ex dealeuses, des condamnées pour agressions plus ou moins violentes et même quelques cas de démence. Pourtant, du passé de ces détenues, de leurs failles et motivations, nous ne saurons pas grand-chose. L’amoureux de musique qu’est Étienne Comar concentre toute son attention sur les séances d’apprentissage sans craindre de provoquer quelque phénomène de lassitude. Bien sûr, chacune affirme son caractère, manifeste ses choix, ses revendications, les unes dans la révolte, les autres dans la résignation. Du côté de Luc, bribes par bribes, les révélations se font plus précises. Happé par un métier trop prenant qui le menait de tournée en tournée, il se reproche de n’avoir pas consacré assez de temps à sa mère et surtout de n’avoir pas su l’accompagner jusqu’à la mort. C’est dans le seul but d’exorciser cette culpabilité qu’il porte en héritage comme un poids mort qu’il a accepté d’animer cet atelier. Car le don de soi est rarement un cadeau désintéressé, comme lui rappelle Catherine (Agnès Jaoui), lors d’un affrontement musclé. Cette scène constitue le moment le plus poignant d’un récit retenu dans une mise en scène trop sage, heureusement revigorée par un casting, presque exclusivement féminin, où professionnelles et non professionnelles rivalisent de talent pour parsemer d’humour et d’énergie cet univers désespérément carcéral.
- Copyright Charles Paulicevich
Avec une évidente complicité, la débutante Fatima Berriah prend plaisir à en découdre avec l’excellente Veerle Baetens. Un peu plus tard, Hafsia Herzi, terrée sous sa carapace d’animal blessé, fait naître l’empathie pendant que la spontanéité d’Anna Nadjer, émigrée polonaise extirpée de son emploi de gardienne d’immeuble, fait merveille. Toutes animées d’une même intensité dramatique, elles déploient leur humanité autour de Luc, pivot central de cette tragi-comédie, qu’Alex Lutz habille subtilement de tout un florilège de nuances, entre délicatesse et ambiguïté.
Exempt de tout jugement et nourri de réalisme, le deuxième film d’Étienne Comar touche par sa sincérité et sa capacité à distiller d’émouvantes harmonies.
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.