Le 7 juillet 2019
- Chanteur : Anne Vanderlove
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L’une des meilleures interprètes de la folk française s’est éteinte le 30 juin dernier, à l’âge de 75 ans.
News : La chanteuse Anne Vanderlove s’est éteinte le 30 juin 2019, à l’âge de 75 ans, dans un silence médiatique plutôt assourdissant. Celle que l’on surnommait « la Joan Baez française » était l’autrice d’une œuvre à la fois intime et engagée, que l’énorme succès de 1967 Ballade en novembre, délicate confession empreinte d’un lyrisme discret, a quelque peu éclipsée ("Je n’étais pas toujours bien belle/Mais je crois qu’il m’aimait un peu"). Ce morceau folk, où la voix cristalline de Vanderlove et son vibrato maîtrisé, s’accordent à la douceur poétique des paroles, rapproche son style des morceaux de Catherine Le Forestier ou Anne Sylvestre, la mélancolie en plus, chevillée à la guitare.
Au départ, la jeune femme ne se destinait pas à une carrière artistique. Après des études de philosophie, elle devient institutrice. C’est en 1965, la vingtaine à peine passée, que sa vie bascule : elle décide de tout plaquer et d’investir la musique. La chanson "Rive gauche" bat encore son plein, mai 68 s’annonce petit à petit. Vanderlove en sera, qui jouera dans les usines en grève. Un an auparavant, sa très jolie Ballade en novembre deviendra un album du même nom, récompensé par un Grand prix du disque et le Grand prix de l’Académie de la chanson française. Son itinéraire semble tracé vers le succès. Pourtant, elle bifurque, se fâche avec sa maison de disque, participe à l’ambitieux mais confidentiel projet d’un autre artiste indépendant, Gérard Manset. Elle pose sa voix sur le mythique album La mort d’Orion, en 1970. Puis elle s’auto-produit, sort des albums qui ne sont absolument pas relayés par les médias, toujours dans un style folk qu’on dirait inventé pour elle, où la grâce mélodique de ses compositions continue d’accompagner des paroles teintées de tristesse ("La folle du bout du quai", morceau de 1974, en est l’expression la plus manifeste). Loin du show-business, elle se produit dans des MJC, des écoles, des prisons. Puis elle cesse de composer en 1984, refait à nouveau parler d’elle neuf ans plus tard, pour son implication dans un braquage d’un Crédit Agricole, à Laon. Elle avait épousé un détenu deux ans plus tôt et l’avait accompagné dans son entreprise.
Installée en Bretagne depuis plus d’une quarantaine d’années, elle avait sorti son dernier album, Rue Colombus, en 2010. Elle y demeurait fidèle à des thèmes qu’elle chantait si bien : le vague à l’âme, la détresse sentimentale, la nostalgie doucement entretenue par une multitude de détails infimes, auxquels la voix plus grave de l’interprète donnait l’épaisseur d’une expérience.
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