Hors champ
Le 12 juin 2012
Un superbe et intriguant mélo dont la mise en scène s’articule autour de la limitation du champ de vision.
- Réalisateur : Emmerich Hanus
- Acteurs : Martha Novelly, Kurt Vespermann, Emmerich Hanus, Eva Maria Hartmann, Ursula Hell, Paula Eberty
- Genre : Mélodrame
- Nationalité : Allemand
- Durée : 50mn
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Un superbe et intriguant mélo dont la mise en scène s’articule autour de la limitation du champ de vision.
L’argument :Madame Bonde a trois filles. L’ainée, Gunne, est fiancée à Martin. Elle se produit avec lui dans un numéro équestre de cirque. Mais la santé fragile de Gunne éloigne d’elle le jeune homme qui s’éprend de Maria, la soeur cadette. Celle-ci songe à épouser un noble roumain pour échapper à une situation intenable.
Un soir Maria doit remplacer Gunne au pied levé. Elle devient la partenaire fixe de Martin et finit par accepter son amour. Ils se marient en secret au cours d’une tournée à l’étranger.
Lorsque, quelques temps après, il se décident à tout révéler au grand jour, Gunne, qui se doutait de quelque chose et épiait le couple en silence, ne peut supporter le choc et meurt.
Madame Bonde mère pardonne à sa fille et les époux connaissent quelques mois de bonheur sans mélange. Maria, enceinte, doit bientôt se faire remplacer par Annella, la plus jeune soeur.
Après l’accouchement, la santé de Maria reste fragile et elle ne peut reprendre tout de suite ses activités professionnelles au côté de son époux.
Recluse dans sa chambre elle commence à soupçonner Martin, qui lui avait déclaré autrefois ne pouvoir aimer une personne malade, de se détourner d’elle et de la tromper avec Anella.
Le sentiment de revivre ce qu’a vécu sa soeur se transforme en obsession et Maria ne voit bientôt plus qu’une seule issue.
Notre avis : Comme le superbe Die Sühne, sorti la même année, ce mélodrame concis, d’à peine trois quart d’heures, réunit les noms de Emmerich Hanus (réalisateur, mais aussi interprète du premier rôle masculin) et de Martha Novelly, une actrice à la beauté altière mais sans éclat particulier dont le jeu sobre, concentré, ne cadre guère avec l’image toute faite qu’on se fait d’une diva des années 1910.
- Die Liebe der Maria Bonde (1918)
Le principe de répétition est au coeur d’un scénario construit rigoureusement en deux parties et la mise en scène s’articule brillamment autour de la thématique du champ de vision limité. Les compositions de plans très élaborées nous font épouser tour à tour le point de vue des deux jeunes femmes malades, Gunne puis Maria, recluses dans leur chambre et n’ayant du monde extérieur qu’une perception tronquée, faussée par leur imagination obsessionnelle.
Cette vision partielle, souvent à travers des fenêtres ou des portes vitrées, est tantôt contredite, tantôt confortée, pour le spectateur, par des plans adoptant un point de vue extérieur.
Le dispositif mis en place est efficace et d’une force dramatique indéniable mais Hanus brise à plusieurs reprises la sensation étouffante de huis clos en insérant de très belles séquences en extérieur qui introduisent une part d’indécidable, de suspension du sens, très intrigante (l’énorme statue, un nu féminin, qui occupe le centre du plan lorsque Martin et Maria sortent, apparemment, du métro ; l’intermède des sports d’hiver).
- Die Liebe der Maria Bonde (1918)
Le cinéaste encourage ses acteurs à une certaine retenue et sa caméra reste volontiers à distance. Cela pouvait passer pour de la maladresse un brin archaïque à une époque où le langage cinématographique courant était beaucoup plus articulé mais c’est justement ce qui permet au film de décoller. Il dépasse ainsi l’illustration de son scénario et échappe à la psychologie sommaire.
Die Liebe der Maria Bonde confirme ce que Die Sühne faisait apparaître avec évidence : Emmerich Hanus, totalement oublié pendant des décennies, est un de ces authentiques cinéastes dont la redécouverte récente a montré que l’histoire officielle du cinéma était à réécrire de fond en comble.
- Die Liebe der Maria Bonde (1918)
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