"L’âme russe" titube encore
Le 15 avril 2003
Saynètes de la vie de province. La Russie n’a pas tellement changé depuis Gogol !


- Auteur : Alexandre Ikonnikov,
- Editeur : Editions de l’Olivier
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Russe

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Bordel ambiant, fatalisme, vodka... Des saynètes de la vie de province qui laissent à penser que la Russie n’a pas tellement changé depuis Gogol.
Jambe amputée jetée en pleine forêt faute de place à la morgue, bidasse oublié dans la steppe du Kazakhstan, mutinerie carcérale évitée grâce à la calvitie de Poutine, octogénaires en voie de momification devant les barres de préfabriqués, déménageur épuisé par une tsigane nymphomane, terrifiantes gardiennes d’immeubles, kolkhoziens jaloux, fonctionnaires hébétés, poètes, popes, putes, ivrognes... C’est toute la Russie qui défile par petits fragments colorés dans ces courts récits qui tiennent plus du polaroïd que de la nouvelle. La Russie contemporaine, bien sûr, et son attraction/haine pour les virus occidentaux (le DVD, la démocratie...) qui lui rongent le corps.
La Russie éternelle, aussi, ce cliché pathétique autour duquel on brode depuis Gogol fulgurances et bêtises, avec une mention spéciale pour la fameuse "âme" nationale qui n’en finit pas de tituber sur ses quatre piliers de déraison : la croix, la langue, la vodka et le bonheur dans la souffrance.
Dernières nouvelles du bourbier a été encensé en France et Alexandre Ikonnikov, son jeune auteur, a fait l’objet des comparaisons les plus flatteuses (parfois idiotes et toujours pesantes, malheureusement). On attend cependant avec impatience de le voir s’atteler à des charpentes plus solides, des figures moins esquissées. Un peu de patience, son premier roman devrait arriver sous peu.
Alexandre Ikonnikov, Dernières nouvelles du bourbier, Editions de l’Olivier, 2003, 183 pages, 18 €