Dérives – Alexis Bacci – la chronique BD

Alexis Bacci – Éd. Glénat

Critique. Entre légendes et chronique sociale, Alexis Bacci nous plonge – au sens littéral ! – dans l’univers des amas. Ces plongeuses – car il s’agit d’un métier exclusivement féminin – sont le symbole d’un Japon de l’ancien temps. La question du classement au patrimoine mondial de l’Unesco de cette pratique ancestrale se pose d’ailleurs au Japon, tant ce métier témoigne d’un savoir-faire et d’une culture spécifique. Alexis Bacci s’intéresse en particulier aux mythes qui entourent cette profession. Femmes souvent émancipées, les amas ont une réputation sulfureuse. Elles sont associées à des histoires de chasse aux trésors, de rencontres avec des monstres inquiétants ou de rivalités sanglantes. Quelle est la part de réalité et de mythe dans les histoires que ces femmes racontent ? Il s’agit là d’un mystère que Takeshi tente de résoudre. Ce qui est sûr, c’est que ces amas – pour la plupart âgées, voire très âgées – fascinent.

Alexis Bacci – Éd. Glénat

Le dessin d’Alexis Bacci s’appuie sur la simplification des personnages, par ailleurs très expressifs, et des décors qui se limitent aux éléments utiles à l’histoire. Le dessinateur utilise des teintes bleutées et sépias pour la mise en couleur. Ces choix graphiques ne feront probablement pas l’unanimité chez les lecteurs, mais ils présentent l’avantage de se mettre au service d’un récit sans temps morts. Alexis Bacci n’hésite pas à dessiner des scènes oniriques et fantastiques, ce qui donne au récit une touche bienvenue de mystère. La conclusion du récit s’avère également stimulante.

Dérives s’éloigne d’un réalisme convenu pour rendre un bel hommage à la tradition des amas. Une album intéressant pour quiconque s’intéresse à la culture japonaise.