Combat de femmes
Le 14 décembre 2005


- Réalisateur : S. Pierre Yameogo
- Acteur : Blandine Yameogo
- Genre : Drame
- Nationalité : Burkinabé
- Festival : Festival de Cannes 2005

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– Durée : 1h30mn
Un plaidoyer contre ces coutumes qu’il est temps d’abandonner
L’argument : Nous sommes dans un petit village du Burkina Faso (région ouest du continent africain) où une série de morts suspectes vont pousser les notables à ouvrir une véritable chasse aux sorcières. Napoko, jusqu’ici respectable habitante du village, est accusée d’être la sorcière à l’origine de ces disparitions. Forcée à l’exil, sa fille Pougbila l’aidera à prouver son innocence.
Notre avis : Delwende, lève-toi et marche est une critique de la société traditionnelle burkinabé et, plus largement africaine, empêtrée dans des coutumes dont profitent certains pour cacher leurs insuffisances. Et qui contribuent dans une certaine mesure, parce qu’elles persistent notamment dans le monde urbain, au sous-développement du continent. Traiter du poids superflu de certaines "réalités sociales ponctuelles" sur l’Africain est une thématique chère au réalisateur burkinabé Pierre Yameogo et il le démontre encore une fois à travers ce film. Mais pour l’apprécier, il faut comprendre les conditions difficiles dans lesquelles se produit le cinéma africain. Très peu de moyens - et la pellicule peut en pâtir - et des acteurs qui ne sont pas toujours des professionnels du cinéma. Ces derniers sont souvent recrutés dans les villages où sont tournés les fictions.
En somme, il faut avoir l’habitude de ce cinéma burkinabé, l’un des plus dynamiques d’Afrique et digne reflet d’un continent encore très rural, ancré dans le quotidien des campagnes. C’est un prérequis. Une fois admis, vous pourrez alors vous plonger dans l’intrigue qui entretient un certain suspense. Une tentative à saluer car la chose est rare dans ce genre de films. Aussi, passé les premières vingt minutes, vous trouverez un peu plus de rythme à une fiction qui rejoint très vite la réalité. Car elles sont nombreuses, ces femmes "mangeuses d’âmes" chassées, sans ressources, de leurs villages et qui n’ont d’autre recours que d’errer dans les campagnes burkinabé. A tel point que des foyers ont été créés à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, pour les accueillir. La question est donc d’actualité et mérite qu’on s’y penche, ne serait-ce qu’au travers d’un long métrage. Mention spéciale pour la photo et la jolie BO.