Le 4 avril 2013
- Réalisateur : Jesús Franco (pseudo Jess Franco)
- Voir le dossier : Nécrologie
Le maître du cinéma bis espagnol vient de tirer sa révérence à l’âge de 82 ans. Il laisse derrière lui plus de 200 films comme héritage. Total respect.
Le mardi 2 avril 2013 s’est éteint le réalisateur espagnol Jesus Franco à l’âge de 82 ans, laissant orpheline toute la communauté des bisseux. Le cinéaste est né à Madrid en 1930. Alors que le régime de Franco s’installe durablement en Espagne, le jeune Jesus apprend le piano au sein du prestigieux Conservatoire de Madrid. C’est d’ailleurs en tant que compositeur qu’il aborde la carrière cinématographique en 1954. Il réalise ensuite de nombreux courts pour des entreprises, avant de passer le cap de la réalisation d’un long-métrage en 1959 intitulé Tenemos 18 años. Il se spécialise très rapidement dans le cinéma de genre, et notamment le film horrifique. Grâce à des coproductions, souvent tournées en dehors d’Espagne pour éviter les foudres de la censure franquiste, le réalisateur enchaîne les tournages à une vitesse folle.
Il connaît quelques gros succès dès le début des années 60, créant notamment la figure culte du docteur Orlof (L’horrible docteur Orlof en 1961), largement inspiré par le film de Franju Les yeux sans visage. Durant les années 60, il succombe également au vampirisme, alors très à la mode, à travers un nombre conséquent de films reprenant les figures classiques du genre, et les assaisonnant de scènes épicées. Autre influence majeure, Sade lui fournit la matière à des œuvres érotiques parfois très sulfureuses (Eugénie en 1970). Pour le compte de compagnies fauchées comme Le Comptoir Français du Film ou la mythique Eurociné, il signe des films de plus en plus érotiques, voire pornographiques au cours des licencieuses années 70. D’une filmographie difficile à établir, on notera la récurrence des thèmes du vampirisme, des orgies saphiques, du sadisme et des femmes incarcérées. Autant d’œuvres tournées à l’économie, parfois simultanément, dans un grand foutoir qui n’exclut pas forcément la qualité.
Grâce à sa muse Lina Romay, le cinéaste a tout osé, y compris le ridicule dans des séries Z indignes de son talent initial. En 1983, il sacrifie même à la mode du mort vivant avec le déplorable Abîme des morts vivants. Il revient sur le devant de la scène avec Les prédateurs de la nuit (1988) mené par Brigitte Lahaie et Helmut Berger pour un grand moment de cinéma bis. Il tourne ensuite jusqu’en 2012 sous divers pseudos des bandes destinées à la vidéo, alternant l’horreur et le X avec un constant amour du travail vite fait. Même si une grande partie de son œuvre reste en réalité à découvrir, Jesus Franco restera dans les mémoires des bisseux du monde entier pour la générosité d’une filmographie entièrement consacrée au cinéma d’exploitation. RIP.
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