Le 28 février 2011

- Acteur : Annie Girardot
- Voir le dossier : Nécrologie
Annie Girardot ne faisait pas que causer ! Mort d’une sacrée actrice de théâtre et de cinéma, trop souvent oubliée.
Dinosaure des années 70 capable d’attirer des spectateurs de son seul nom, dans une industrie dominée par les hommes, qu’ils soient comiques (de Funès, Bourvil), gueules mythiques (Blier) ou jeunes premiers (Belmondo, Delon), Annie Girardot n’a jamais été une jolie poupée pour le 7e art, mais une actrice à part entière, au langage cru et à la sincérité bouleversante.
Plus féministe que féminine, la Parisienne à la gouaille persévérante, née en 1931, décroche le premier prix de la comédie du Conservatoire en 54. Le cinéma l’attend avec André Hunnebelle et Treize à table. Elle rencontrera par la suite les plus grands : Visconti lui propose un rôle important dans Rocco et ses frères, Vadim l’engage dans le Le vice et la vertu, on la croise chez Monicelli (Les camarades), Marco Ferreri (Le mari de la femme à barbe), et surtout chez Lelouch qui la consacre dans Vivre pour vivre aux côtés de Candice Bergen et Yves Montand. Elle restera fidèle au cinéaste jusqu’en 95 avec Les misérables, film pour lequel la mal-aimée de ses pairs reçoit, en larmes, en 1996 le césar du second rôle féminin, après une dizaine d’années de carrière dans le creux de la vague. Elle déclare alors : "Je ne sais pas si j’ai manqué au cinéma français. Mais à moi le cinéma français a manqué follement, éperdument, douloureusement."
La star à qui Michel Audiard consacrera un sacré film (Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas... mais elle cause), qui sera un moment donnée très proche de Delon avec qui elle partagea l’affiche de Traitement de choc et du Gitan, savait tout jouer. La joie chez Zidi (La zizanie), Pinoteau (La gifle), Philippe de Broca (Tendre poulet) ou le drame poignant (Mourir d’aimer, Docteur Françoise Gailland).
Les années 80 lui furent moins clémentes avec pas mal de séries B mal fichues (Adieu blaireau, Liste noire, Prisonnières).
Gravement malade, elle poursuit son métier tout au long des années 2000, forte du succès de La pianiste d’Haneke en 2001, film choc où elle partage l’affiche avec Isabelle Huppert.
L’actrice est décédée le 28 février 2011 à l’âge de 79 ans.