Le 8 septembre 2010
- Festival : Festival de Deauville 2010
The dry land et Buried, deux films coup de poing de la sélection officielle.
The dry land et Buried, deux films coup de poing de la sélection officielle.
Deux films présentés ce jour en compétition officielle dont la thématique se rejoint : l’Irak. The dry land met en scène un jeune soldat de retour chez lui après plusieurs mois au combat. Marqué par ce qu’il a vu et vécu, il n’arrive plus à vivre au quotidien, se coupant progressivement de ses proches.
Présenté en fin de matinée, le long-métrage est introduit par l’équipe. Le réalisateur, Ryan Piers Williams, développe les origines d’un projet dont les origines datent de 2005, au plus fort du conflit. Son actrice principale, la très charmante America Ferrera, par ailleurs star de la série Ugly Betty, se montre très fière du résultat (elle est aussi productrice exécutive), de la cohésion au sein de l’équipe et de l’accueil que reçoit le métrage à travers le monde (il a déjà reçu le prix de Meilleur Film à Dallas et Edimbourg). L’interprète masculin, Ryan O’Nan, plus timide, souhaite avec humour que le film plaise au public de Deauville. Ainsi commence la séance de The dry land... qui sera vivement applaudi une fois les lumières rallumées.
Sans jamais montrer un seul combat, le cinéaste - qui réalise son premier film à 28 ans - a réussi à retranscrire le malaise psychologique et moral de son héros, bouleversé par son expérience au combat, conscient des horreurs vécues mais incapable de s’en souvenir en détail. Pas d’apitoiement outrancier, juste la captation d’une souffrance, magnifiquement interprétée par Ryan O’Nan qui tient là, sa première tête d’affiche. Et à apprécier sa performance dans The dry land, il y a fort à parier qu’il en aura d’autres. Soutenu par America Ferrera, toute en douceur, l’acteur offre au premier long-métrage de Ryan Piers Williams, une importante force émotionnelle.
La politique du gouvernement américain n’est jamais critiquée (ou soutenue d’ailleurs) de front ; le réalisateur préférant exposer le fait que les soldats rentrant chez eux, sont laissés complètement seuls, face à leurs fantômes, comme si leur engagement patriotique n’avait jamais existé. Manifestement touché par cette histoire, certes fictive mais vraisemblablement vécue par nombre de soldats américains, le public de Deauville est allé féliciter, à la sortie de la salle, l’équipe du film, ouverte et très souriante.
Le second film de la compétition officielle présenté en ce jour est Buried ; autrement dit « enterré ». Autant prévenir immédiatement les claustrophobes, ce film est étouffant. Non par sa réalisation ou le jeu de son acteur principal mais par son concept. En effet, l’action se déroule dans un lieu unique : un cercueil enterré sous le sable. Tourné dans une boîte a d’ailleurs représenté un défi technique pour le réalisateur Rodrigo Cortes qui a du construire pas moins de huit cercueils pour pouvoir varier les angles de caméra. Ce long-métrage relate l’histoire d’un homme qui se réveille couché dans une boîte en bois, enlevé par des Irakiens. Pour tout accessoire, il est muni d’un briquet et d’un téléphone portable rechargé de moitié. Joint par ses ravisseurs, il bénéficie d’une heure trente pour convaincre son gouvernement de verser une rançon afin de le libérer. Le compte à rebours commence pour le malheureux, dégoulinant de sueur dans son cercueil, manquant peu à peu d’oxygène et sujet à de crises d’angoisse - crises que certains spectateurs dans la salle ont pu partager et qui sont sortis.
L’efficacité de ce premier long tient à son montage particulièrement réussi, vif et rapide, et au travail sonore. Tous les sons sont exacerbés au milieu de nulle part et les sonneries du téléphone prennent soudainement des allures de rafales de lance-roquette, rappelant brutalement à l’infortuné héros que son heure est proche.
- © Rezo Films
Bien que Rodrigo Cortes ne traite pas directement de la guerre entre l’Irak et les Etats-Unis, celle-ci est latente, que ce soit dans les dialogues et les situations diplomatiques présentés. Confronté à l’administration de son territoire d’origine, l’enterré vivant explore sans le vouloir les méandres de la politique stratégique américaine ; son sort n’étant pas nécessairement une priorité, face aux dangers que représentent les terroristes. Ceux-ci ne sont d’ailleurs pas marginalisés dans Buried, ni désignés coupables : le cinéaste semble vouloir montrer qu’à force d’amalgames hâtifs sans porter d’attention aux populations locales, le pire peut arriver. Le pire ici, étant une prise d’otage claustrophobique, bien qu’assez excitante pour le spectateur qui ne peut s’empêcher de ne respirer qu’à moitié, en espérant l’extraction de ce héros malgré lui hors du cerceuil. Cette tension s’est d’ailleurs fortement ressentie aux premières images du générique de fin où le public a mis quelques secondes avant de réagir, surpris par l’intensité de l’angoisse du personnage principal et des retournements de situation.
Le reste de la journée fut consacrée à des (re)diffusions de films de la sélection officielle (présentés pendant le week-end), tels que Welcome to the Riley’s, avec James Gandolfini (acteur phare de la série Les Sopranos) et Kristen Stewart, la Bella de Twilight, apparemment bien meilleure dans le second film de Jake Scott que dans la saga vampirique. Diffusée en soirée, la séance de Winter’s bone de Debra Granik fut complète. Difficile de juger du ressenti des spectateurs qui se sont tout de même levés bien vite après la dernière image... Magnifiquement interprété par Jennifer Lawrence, le long-métrage retrace le parcours d’une adolescente de dix-sept ans, s’occupant seule de ses frères et sœurs et qui part à la recherche de son père disparu. L’action se déroule dans le Missouri où l’hiver est froid. Malheureusement, ce ne sont pas les émotions qui nous réchauffent et le temps passe bien lentement devant les louables efforts de la jeune fille pour réunir les siens.
La nuit américaine de ce 7 septembre portait sur la thématique « portrait de femmes » avec la diffusion de Rebecca d’Alfred Hitchcock, Laura d’Otto Preminger, All about Eve de Joseph L. Manckiewicz et Sunset Boulevard de Billy Wilder.
<img12581|center
Galerie Photos
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.