Le 23 mai 2019

- Editeur : Larousse
- Date de sortie : 22 mai 2019
- Plus d'informations : Le site officiel
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L’incontournable dictionnaire s’enrichit de nouveaux termes qui racontent notre époque.
Résumé : Le Larousse 2020, c’est plus de 63500 mots, 125000 sens et 20000 locutions, 28000 noms propres. Et aussi : 1500 remarques de langue ou d’orthographe. 2000 régionalismes et mots de la francophonie. 4500 compléments encyclopédiques. 5500 cartes, dessins, photographies, schémas et planches. Avec une carte d’activation pour bénéficier d’un accès privilégié au Dictionnaire Internet Larousse 2020, contenant plus de 80000 mots, 9600 verbes conjugués et des dossiers encyclopédiques sur les notions clés de la culture générale.
News : C’est un des marronniers du printemps, si l’on peut dire. Et il génère des questions habituelles : quels nouveaux mots entrent dans la nouvelle édition du célèbre dictionnaire, le Petit Larousse ? Leur référencement tient-il vraiment compte des évolutions de la langue ? On l’a appris, il y a quelques jours : les termes qui accèdent à la reconnaissance officielle sont au nombre de 150. Sans que ce soit vraiment une surprise, une grande majorité porte la marque de notre époque hyper-connectée et l’on s’étonne que leur usage massif ait engendré une intégration aussi tardive : on pense en particulier aux référents "fachosphère", "cyberdjihadisme", "darknet", hautement anxiogènes, qui -c’est le moins qu’on puisse dire- n’esquissent pas le portrait d’une époque numérique très joyeuse, même si l’on remarque tout de même la présence du vocable "hackaton". Son simple usage suffit à évoquer de grandes salles oecuméniques, où s’agrègent des communautés innovantes, dans un flux de travail continu.
Si les mots relatifs au monde virtuel témoignent globalement des angoisses de notre temps, qu’en est-il du monde "réel" ? On aurait tendance à dire : pas mieux, puisque "bore-out" fait son entrée, pour évoquer les conséquences ravageuses de l’ennui au travail. Beaucoup de salariés d’entreprise se féliciteront qu’on en parle, dans la mesure où ils sont les principaux concernés, comme le valident un certain nombre d’études. Mais enfin, avec son binôme "burn-out", l’anglicisme donne une idée de ce que peut être la souffrance des actifs, au sein de nos sociétés contemporaines. A cette aune, on considérera que l’incursion du "slasheur" dans le dictionnaire est la conséquence directe du "bore-out", non pas que le mal-être transforme tout salarié en personnage maléfique d’un Carpenter ou d’un Craven, nanti d’un couteau, mais plutôt parce que le cumul des métiers permet d’échapper à une identité professionnelle intangible.
D’autres préoccupations sont lexicalement marquées, qui concernent l’écologie et, là encore, on n’est pas surpris : ainsi, on repère l’arrivée des mots "bioplastique", "dédiésélisation" (impossible à prononcer), ou "locavorisme" (un mot bien laid pour désigner un réflexe bien noble, la consommation de produits frais, à proximité de chez soi). Côté flop annoncé, le terme "divulgâcher" figure en pôle position : ce mot-valise doit concurrencer le puissant "spoiler", mais il risque de subir un destin semblable à "courriel", que des puristes de la langue française -les mêmes qui disaient Internet, avec un article défini- avaient brandi comme un crucifix pour épouvanter le "mail". Or, la francophone trouvaille sonne plutôt old-school, sauf pour les administrations hexagonales.
Enfin, les régionalismes ont le droit à une place habituelle, en tant qu’exotismes linguistiques : les Bretons se féliciteront du mot "klouker" (se goinfrer), dont la sonorité évoque plutôt l’infâme gâteau du mythique Preskovic, et nos amis québécois nous exportent un charmant, mais difficile "emportiérage", qui désigne la collusion d’une porte de voiture et d’un cycliste. Souhaitons qu’aucun(e) d’entre nous n’ait à l’utiliser pour sa propre existence.