Dark Crystal : Le Temps de la Résistance - la critique de la série

Notre avis : Plus connu pour ses réalisations de blockbusters français, comme les deux premiers Transporteurs, et américains, L’Incroyable Hulk et Le Choc des Titans, Louis Leterrier, avec l’appui de Netflix et de la Jim Henson’s Company, surprend tout le monde en réalisant la nouvelle saga Dark Crystal : Le temps de la Résistance.
Cette série de dix épisodes, intégralement réalisée par Leterrier lui-même, sert de préquelle au film culte de 1982, le bien nommé The Dark Crystal, réalisé par Jim Henson, créateur des Muppets et metteur en scène de Labyrinthe, et Frank Oz, reconnu pour être la voix de Maître Yoda dans la franchise Star Wars.
Reprenant toute l’imagerie, l’utilisation exclusive de marionnettes du long métrage, et n’employant les techniques numériques modernes qu’à des fins nécessaires, l’ancien acolyte de Luc Besson a pour objectif de se relier au film. Il s’exécute, tout en s’adressant également à un public complètement étranger à l’œuvre originale, la rendant complètement indépendante, et évite par la même occasion de tomber dans l’écueil du fan service. Notre but est de vous donner envie de la regarder sans la spoiler, ce qui semble évident, mais sans pour autant gâcher le film pour ceux qui ne l’auraient éventuellement pas vu ou tout simplement oublié, afin de découvrir un monde et une histoire aussi magnifiques qu’horribles.
Grosso modo, deux espèces se disputent la domination de la planète Thra. D’un côté, les Skeksès, monstres sournois, avides de pouvoir et d’immortalité. Et de l’autre, les urRu/Mystiques, créatures dotées d’une grande sagesse et d’une tranquillité d’âme, mais que l’on peut comparer à des paresseux. Au centre, parmi un bestiaire assez impressionnant, nous avons les Gelflings. Les œufs de l’omelette. Plus sérieusement, il s’agit de petits elfes, divisés en clans, qui se méprisent les uns les autres pour diverses raisons, réduits à un état de semi-esclaves par les Skeksès. Dans la série, trois d’entre eux vont tenter de réunir leurs frères et sœurs, afin de briser leurs chaînes.
À l’instar de la bande dessinée Le Grand Pouvoir du Chninkel, créée en 1988 par Rosinski et Van Hamme (les papas de Thorgal, excusez du peu), nous sommes ici confrontés à une série d’aventures d’heroic fantasy pure et dure. À l’ancienne. On y retrouve Le Héros aux mille et un visages de Joseph Cambell, les quêtes initiatiques, les affrontements à la David contre Goliath, et bien entendu les petits caractères en bas de page, qui font partie du packaging de ce genre d’histoire : les gros sacrifices que personne n’a envie de voir ou de faire.
La réalisation est sublimée par un casting vocal : Mark Hamill, Simon Pegg, Taron Egerton, Anya Taylor-Joy, Nathalie Emmanuel, pour ne citer que ceux-là, car la liste est longue. On en oublierait presque qu’il s’agit de marionnettes.
Au final, Dark Crystal : Le Temps de la Résistance nous emporte pendant une dizaine d’heures dans un monde envoûtant et terrifiant. Les personnages bien écrits et incarnés sont tous plus touchants les uns que les autres, y compris les Skeksès. Et la bande-son poignante, signée Daniel Pemberton et Samuel Sim, rend un très bel hommage au compositeur du film Trevor Jones.
Classique dans sa narration et dans son genre, la série de Louis Leterrier réussit amplement son pari et fait de son œuvre, réalisée avec le cœur et avec respect, le type de productions sur lesquelles Netflix, en perte de vitesse, devrait porter son attention plus souvent, afin de redorer son blason, et que l’on apprécierait de voir plus régulièrement.