Le 17 juillet 2024
Un cauchemar magnifique et mesestimé, en dépit d’évidentes qualités. Le meilleur film de son réalisateur.
- Réalisateur : Alex Proyas
- Acteurs : William Hurt, Jennifer Connelly, Kiefer Sutherland, Melissa George, Rufus Sewell
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Science-fiction, Fantastique, Thriller
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Durée : 1h35mn
- Box-office : 383 915 entrées (France)
- Titre original : Dark City
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 20 mai 1998
- Festival : Festival de Cannes 1998
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Résumé : Se réveillant sans aucun souvenir dans une chambre d’hôtel impersonnelle, John Murdoch découvre bientôt qu’il est recherché pour une série de meurtres sadiques. Traqué par l’inspecteur Bumstead, il cherche à retrouver la mémoire et ainsi comprendre qui il est. Il s’enfonce dans un labyrinthe mystérieux où il croise des créatures douées de pouvoirs effrayants. Grâce au docteur Schreber, Murdoch réussit à se remémorer certains détails de son passé trouble.
Critique : Le calendrier des sorties cinéma est parfois impitoyable. En 1998, l’ouragan Titanic arrache tout sur son passage, et les victimes ne manquent pas. Dark City, sorti un mois après le phénomène, se heurtera de plein fouet à la concurrence de l’Iceberg de James Cameron et coulera totalement au Box-office. Un échec commercial comme on en fait peu (27,2 millions de dollars de recettes dans le monde, pour 27 de budget), malgré une œuvre pétrie de qualités.
Projet de longue date d’Alex Proyas (qui l’avait en tète avant de réaliser The Crow) Dark City débute comme un film noir classique : John Murdoch se réveille dans une chambre d’hôtel miteuse sans aucun souvenirs. A ses pieds, le cadavre ensanglanté d’une femme. Traqué par l’inspecteur Bumstead, Murdoch devra lever le voile sur d’étranges phénomènes, mais aussi sur la présence des étrangers, curieux êtres à la peau blafarde et aux motivations radicales.
Après une introduction qui entre directement dans le vif du sujet en nous présentant l’essentiel des protagonistes en quelques minutes, le film ne tarde pas à révéler toute sa profondeur et son ambition d’aller bien plus loin qu’un simple polar mâtiné de SF. Dark City avance, au gré des pérégrinations mouvementées de Murdoch, en livrant une véritable réflexion métaphysique et idéologique sur le fondement d’une civilisation, parfois au dépens d’une autre. Les adeptes de métaphore religieuse y trouveront également leur compte, alors que la véritable définition de l’âme humaine sera constamment recherchée par les antagonistes. Mais surtout, le métrage d’Alex Proyas assume fièrement ses multiples références, dont l’écho de certaines résonneront à travers toute la durée du film. On pensera forcément au Metropolis de Fritz Lang, tant à travers sa morale que son esthétique, également au Brazil de Terry Gilliam pour la magie du décor ouvertement factice (décor d’ailleurs réutilisé pour tourner quelques scènes de Matrix premier du nom), et enfin à Blade Runner pour son versant polar noir futuriste et désenchanté.
Rufus Sewell livre une prestation satisfaisante dans la peau de John Murdoch, bien que légèrement inexpressive, ce qu’on lui pardonnera en tant que héros amnésique et totalement déboussolé, même si le retour des repères de son personnage coïncide avec le gain d’intensité de sa prestation dans la deuxième partie du film. William Hurt est quand à lui monolithique en inspecteur pragmatique et désabusé dont les convictions vont doucement s’effriter. Convainquant, tout comme Jennifer Connelly, véritable symbole de pureté et d’innocence et rayon de lumière dans l’obscurité permanente de l’étrange ville. La sensation du casting restera Kiefer Sutherland, dans un contre-emploi avant l’heure totalement déstabilisant. L’interprète du fragile docteur Schreber cabotine à l’envie, boitille, expose une galerie impressionnante de TOC et navigue sans cesse d’un camp à l’autre, usant et abusant de son souffle court et de sa diction syncopée, bien loin de son personnage de Jack Bauer dans 24 heures chrono avec lequel il accédera à la popularité.
La photographie étrange et superbe de Dariusz Wolski rend parfaitement justice aux décors rétro futuristes de la ville, véritable personnage à part entière à travers un écrin quasiment monochrome éclairé de quelques timides éclats colorés, sorte de Sin City avant l’heure. Ajoutez a tout cela quelques scènes d’action crédibles et des effets spéciaux résistant bien à l’usage du temps et vous obtenez une petite pépite à voir absolument pour tout amateur de science fiction et/ou de dystopie futuriste.
Le film ressortira en 2008 en version Director’s Cut. Proyas, libéré des contraintes de son montage salles et des projections test, redonne une nouvelle jeunesse à la pièce maîtresse de sa filmographie avec un montage rallongé et de subtiles retouches chronologiques.
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