Daomu T.1 . Pilleurs de tombes - La chronique BD

Sean ne pensait pas revoir son père depuis que sa mère l’a emmené aux États-Unis. Mais son passé l’a finalement rattrapé : lorsque son père meurt dans ses bras, il l’avertit d’un danger mais surtout lui laisse un héritage unique. Il devra revenir dans sa Chine natale, un pays où les pilleurs de tombes sont des aventuriers reconnus et les tombeaux des lieux étranges.

Dans une atmosphère où le dessin se mêle aux couleurs ajoutées numériquement, où le manga rencontre la planche européenne, Daomu livre une impression contrastée. D’un côté, l’originalité du style montre une envie, celle d’offrir un mélange de plusieurs origines et dessins, et un travail, imposant puisque les quelques 136 pages du volume sont colorées et abouties. D’un autre côté, ce mélange n’est pas assez subtil, contrôlé pour être vraiment gracieux et plaisant à lire. Les pages font la part belle à l’obscurité, mais sans les effets de clair-obscur, donnant une certaine uniformité à tous les personnages, que l’on peine à reconnaître. Les lieux également, surtout sous terre, ne permettent pas de vrais identifications, du coup le lecteur manque de repères, et le contenu manque cruellement d’empathie. L’histoire du père abandonnant sa famille n’est pas bien exploitée, les différentes équipes de pilleurs de tombes ne sont pas assez développées, les personnages ne provoquent pas grand chose. Ce premier tome, qui constitue une initiation pour le héros, pour sa première descente dans une tombe fantastique de la Chine antique, ressemble à un mauvais film d’horreur. Des monstres petits, puis immenses, morts-vivants, des zombies, il y a décidément de tout dans les tombes chinoises, mais cela ne fait pas vraiment peur.

À la différence d’un Sanctuaire lent et accrocheur, Daomu mise sur des épisodes d’action, mais beaucoup d’éléments gâchent cela : un personnage mystérieux et quasiment invincible, un héros qui sait s’enfuir mais lui aussi invincible car rien ne le touche dans la tombe, un rondouillard peureux, le groupe qui se perd... C’est dommage car l’immersion dans le côté horreur aurait pu être mieux exploitée. Le lecteur doit jongler entre les pensées du héros, ce qu’il dit et ce qu’il lit, un journal de pilleur de tombes. Beaucoup d’informations, qui arrivent pêle-mêle, peut-être trop rapidement ou pas assez développées. Le scénario part sur beaucoup de pistes, mais finalement tout reste en suspens au moment de refermer l’album, qui aura simplement un tome 2, que l’on peut imaginer aussi dense, mais que l’on doit espérer plus cadré et agréable.

Originale dans sa forme, maladroite dans son contenu, Daomu est une œuvre qui n’a pas à rougir. Le thème des pilleurs de tombes est envisagé avec force dans sa trame, mais sans sympathie pour ses acteurs. Toutefois, cet aspect peut largement être compensé par un second opus qui mettrait la série de l’obscurité en pleine lumière.

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