Le 20 avril 2019
L’agonie d’une vieille femme, filmée avec pudeur. Une œuvre bouleversante.
- Réalisateur : Laure Portier
- Nationalité : Français, Belge
- Distributeur : Perspective Films
- Durée : 0h38min
- Festival : Festival Cinéma du Réel 2019
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Résumé : L’œil du chien dresse le portrait de la réalisatrice et de sa grand-mère. Voyant la maladie ravager le visage de celle qui l’a élevée, Laura Portier la filme, se préparant à la voir disparaître. Pour se préparer à l’inévitable, toutes deux tentent de renforcer leurs liens dans une tendresse partagée.
Notre avis : A la fin, un chien court, qui semble fuir. La caméra l’accompagne en un travelling effréné. Auparavant, la bête aura tourné en rond, son instinct alerté par l’imminence du trépas. Pour son premier court métrage, Laure Portier filme l’implacable agonie de sa grand-mère. La caméra s’attarde tout d’abord en un long plan fixe sur la valétudinaire, dans son canapé, tandis que, hors-champ, le bruit d’une horloge égrène les secondes qui passent, couvrant le ronronnement d’une machine à laver. Comme s’il fallait, malgré tout, que le quotidien infuse par le biais d’une conversation informelle, il sera d’abord question de mouches à tuer. Mais, en filigrane, on devine la chaleur qui indispose la moribonde. Le plan fixe se prolonge, l’œil s’attarde sur le visage de la vieille dame marqué par la maladie. Le nez semble tuméfié, bientôt un pansement en dissimule la présence. Puis l’appendice disparaît. Le profil de la grand-mère se réduit à une frappante verticalité, de la tête au menton. Le spectateur aura le temps d’en considérer la linéarité qui défigure la silhouette.
Là encore, la réalisatrice prend le soin de filmer la maladie au travail, dans ce qu’elle a de plus de implacable : la soustraction d’un élément de l’anatomie. La mort qui s’avance est une mort qui retranche. Très vite, le corps disparaît sous des draps. La conversation se poursuit cependant, les mots se peuplent de confidences à mesure que se rapproche l’échéance. Lorsqu’il s’agit enfin de se dire adieu, la voix de la réalisatrice est une douce injonction, presque murmurée, à une femme mourante. Aucun pathos, seulement la vie. Dans ses dernières extrémités, jusqu’à son dernier souffle.
Prix du court-métrage, Cinéma du réel
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